Siné, et son cercueil tagué

Il ne pleuvait pas, ce matin.

Sous le chant des oiseaux, la famille Siné s'est reunie, pour se serrer, se toucher, pleurer, et rire.

L'incinération la plus vivante que j'ai eu a vivre.

L’enterrement le plus scénique, que j’ai vu de mon existence… le plus en larmes…le plus en rires… le plus en serrage, et en câlins

Déjà, rien que le cercueil… 4 planches, certes

Mais 4 planches, en bois brut, le tout fermé avec de la cire rouge

Du pinard, sur un cercueil

Et dessus : une bouteille de vin… du Morgon, le vin préféré de Siné, qui aimait bien picoler

Un cercueil, pas comme les autres… car il va finir : tagué !

Avant les prises de parole : chacun a pu venir écrire ce qu’il voulait

Bilan : 4 planches, couvertes de dessins au feutre, et d’écritures

« Si t’es Dieu, cogne 3 fois ! »

Ou encore des doigts d’honneur… oui, des doigts d’honneur

c’était d’un cash, inédit, pour une incinération

Des roses rouges partout… des gens en rouge et noir, partout

Un certain bazar, sous cette coupole du Père Lachaise

Un véritable, film…

Woody Allen, s’il n’était pas à Cannes, aurait pu en faire un chef d’œuvre

Au premier rang :…Catherine sa femme depuis 50 ans…ses filles, Maud et Stéphane…son fils adoptif … les petits enfants…et les meilleurs potes

La cérémonie démarre

Du jazz, partout

On nous passe du Billy Holiday

La petite fille, Tania, tentera de parler

Mais, très vite, son cœur est rattrapé par le chagrin

« Je t’aime, lâche l’adolescente…tu es le meilleur des grands-pères »

Face à nous tous, un diaporama

On voit Siné, jeune

Nina Simone nous donne le vertige

Une femme, pleine de douleur, sort

Quelqu’un vient rappeler, « la superbe mauvaise foi » de Siné

Un homme, évoque les boulets anti résignation, que ce révolté balançait

« Comme toi, on va continuer à foncer dans l’tas, dans le désordre si possible ! »

Merveilleux désordre

Le maitre de cérémonie appelle quelqu’un, censé prononcer un petit discours… il ne viendra jamais

Pas grave

une chanson, répète : Choubidou choubidou

Ça en fait marrer certains… moi la première

Christophe Alévèque raconte qu’il était à Antibes hier soir, pour son spectacle… « Une ville pas vraiment révolutionnaire ! »  dit-il

« Mais, à la fin, toute la salle s’est levée pour Siné  »

« Un mec important », en conclue Aleveque

Le dessinateur Geluck, parlera du dernier barbecue de Siné. Rapport à son incinération… humour noir, ou carbonisé, au choix

Edgar Morin, le bras levé

On entend Otis Redding… tout le monde pleure

On voit Siné, en photo, avec des chapeaux ridicules

On rit

Mais, ou est Woody Allen ?

Ce n’est pas sur la croisette qu’il fallait etre…c’est ici, au Père Lachaise

Edgar Morin, penseur, et historien… vient parler de « cet anar, qui avait un respect frénétique de la liberté »

Morin, s’agite, lève les bras

« Siné était, dit-il…un homme, nécessaire »

« Un vrai Vivant ».