DJ Snake (2/4) : DJ Snake le Résilient

En 2013, DJ Snake mixe depuis une dizaine d’années et a déjà collaboré avec une star : Lady Gaga. Pourtant, en manque de respect et de reconnaissance, son expérience américaine l’a frustré, voire dégoûté. Sur le point de tout arrêter, William Grigahcine a un sursaut d’orgueil, qui le propulse aux premières pages de sa légende.

Article rédigé par Anne Lamotte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
DJ Snake, concentré pendant son passage au festival Coachella en Californie, le 14 Avril 2024. (MATT WINKELMEYER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)
DJ Snake, concentré pendant son passage au festival Coachella en Californie, le 14 Avril 2024. (MATT WINKELMEYER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Au point mort, 2013 marque une année charnière dans la carrière de DJ Snake. Approchant de la trentaine, il envisage même de se reconvertir en chauffeur-livreur. "Il y a un moment où je veux arrêter la musique. Financièrement, je ne m'y retrouve pas. Personne ne m'appelle, je suis à moins 80 € sur mon compte, je n’ai pas de quoi payer le loyer", se rappelle le DJ. Il appelle d’ailleurs un de ses amis à ce sujet, mais avant cela, comme il le relate lui-même, il a un sursaut d’orgueil. Il s’enferme alors dans un studio d’enregistrement à Boulogne, près de Paris : "Je m’enferme juillet août sans rentrer chez moi et tous les jours, je vais à la piscine de Boulogne. Je paye à l'entrée, je prends ma douche, je ressors et le mec à la caisse me prend pour un fou."

Ces deux mois productifs passés enfermés dans un studio vont finalement porter leurs fruits. Le travail accompli donne naissance à un titre qui suscite la curiosité d’un certain Diplo, célèbre DJ et producteur américain : Bird Machine. Après avoir écouté le morceau, Diplo décide de signer avec lui. Il explique : "Ça commence à faire du bruit, les agences de booking m'appellent pour me signer, pour faire des tournées et une semaine après je fais Turn Down for What." À ce moment précis, la carrière du DJ émergent bascule avec 10 millions de singles vendus. Michelle Obama, alors Première dame des États-Unis, utilise le morceau sur le compte officiel de la Maison Blanche.

Une carrière forgée à la dure

Personne ne l’attendait, mais DJ Snake est un combattant. C’est "l’histoire de ma vie" déclare-t-il. Dans sa cité HLM d’Ermont, dans le Val d’Oise, ils sont peu à croire en lui au départ. En sixième, cet adolescent timide s’achète ses premières platines. Pourtant, sa professeure de musique lui dit qu'il ne sera jamais musicien. Son père, lui, est parti quand il avait deux ans, et pour ses oncles, être DJ n'est pas un vrai métier. En revanche, sa mère est la seule à le soutenir. Nourrice et femme de ménage dans des hôtels, des avions à Roissy, elle se bat pour arrondir les fins de mois.

"Ce qu'elle a fait pour mon frère et moi n'a pas de prix. J'ai vu une combattante, une lionne. J'ai vu une patronne !"

DJ Snake

à franceinfo

Cette vie difficile et l’exemplarité de sa mère ont largement contribué à forger l’esprit de William Grigahcine. "À la base on part de rien, on n’a pas de moyens, et on ne connaît personne, mais avec des idées, en étant vaillant et en travaillant beaucoup, tu peux faire carrière. Il faut juste en vouloir et avoir le sens du sacrifice", confie l’artiste. Surtout si on claque la porte au nez de Dj Snake, il passe par la fenêtre.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.