Gisèle Pelicot (5/5) : après le verdict

Lorsque Gisèle Pelicot décide de lever le huis clos sur le procès de son mari, elle devient une icône inspirante pour beaucoup, mais dans l’intimité, tout est à reconstruire.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Gisèle Pelicot à la sortie du tribunal d'Avignon, le 19 décembre 2024. (MIGUEL MEDINA / AFP)
Gisèle Pelicot à la sortie du tribunal d'Avignon, le 19 décembre 2024. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Depuis l'affaire des viols de Mazan et la révélation de Gisèle Pelicot aux yeux du public, on assiste à un raz de marée éditorial : textes de chansons ou de rap, livres de sociologues, journalistes ou écrivaines... Elle-même livrera bientôt son récit, avec ses propres mots, aidée de la journaliste et romancière Judith Perrignon. L'ouvrage aura pour titre Un Hymne à la vie et paraîtra le 27 janvier prochain, en 20 langues.

Lorsque Gisèle Pelicot apparaît en public, elle est souvent souriante mais elle l'a confié à la barre : à l'intérieur c'est un champ de ruines. Pour s'extirper de tant de noirceur, elle veut être utile aux autres victimes, en les incitant à briser le silence, partageant ce combat avec sa fille Caroline Darian, auteur de deux ouvrages. Mais depuis que cette dernière, en mars dernier, a déposé plainte contre son père pour abus sexuels, une distance semble s'être installée entre les deux femmes. Sur ce sujet-là, pendant le procès, Gisèle Pelicot n'a jamais voulu dire un mot.

Une famille qui s'est délitée pendant le procès

David Pelicot, l'aîné des enfants, confiait en avril dernier que la famille "anéantie" tentait de "se reconstruire jour après jour", pointant le constat que c'est le procès qui aura eu raison de leur union. "Beaucoup de personnes ont constaté que nous étions arrivés ensemble au début, et que vers la fin, nous n'étions plus ensemble", dit-il.

Et alors que, comme beaucoup de familles qui vivent le soupçon de l'inceste et des violences sexuelles, celle des Pelicot explose, deux cas de cold cases s'ajoutent aux incertitudes : Dominique Pelicot est mis en cause dans une affaire de tentative de viol et une affaire de meurtre avec viol, en Île-de-France dans les années 1990. 

On verra si Gisèle évoque ces dossiers dans son livre. Aujourd'hui, ce qui est sûr c'est qu'elle aspire à la tranquillité, sans interview, ni apparition publique. Lorsque Paris Match publie des photos volées d'elle en compagnie d'un homme, ses avocats attaquent la revue en justice, déplorant que sa vie privée ne soit pas toujours respectée. "Ce n'est pas parce que Gisèle Pelicot a pris la décision de lever le huis clos que pour autant elle a renoncé à toute vie privée. Le consentement s'étend aussi à la liberté d'être photographiée ou pas", rappelle l'un d'eux. Gisèle Pelicot conclura un accord avec Paris Match, en abandonnant les poursuites contre 40 000 euros, qu'elle reversera discrètement à deux associations d'aides aux femmes victimes.

Gisèle Pelicot veut rester en retrait avant le deuxième procès de Mazan en appel, en octobre. Mais on sait déjà qu'il n'aura rien à voir avec le premier : 16 des 17 accusés qui avaient fait appel du verdict se sont désistés. Un seul doit être rejugé. 

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