Volodymyr Zelensky (5/5) : le marathonien diplomate

Il est partout : devant des parlements et des sénats, à l'ONU, dans des sommets internationaux. Les voyages sont au cœur de la stratégie diplomatique de Volodymyr Zelensky. Une course sans fin pour plaider la cause de l'Ukraine.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie - Théo Gomar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'exprime lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège à New York, le 19 septembre 2023. (JUSTIN LANE / EPA / MAXPPP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'exprime lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège à New York, le 19 septembre 2023. (JUSTIN LANE / EPA / MAXPPP)

Les voyages sont au cœur de la stratégie diplomatique de Volodymyr Zelensky, qui aime nouer des relations personnelles avec les dirigeants. Pour consolider ses alliances, concrétiser les promesses d'aide financière et militaire, obtenir des garanties de sécurité. 

Il est allé partout : devant des parlements et des sénats, à l'Assemblée générale des Nations Unies, dans des forums économiques et des sommets en tout genre. Il a visité d'innombrables centres des congrès, mais aussi des palais, des châteaux, des mosquées et des cathédrales. Depuis le début de l'année 2025, en sept mois, il a déjà fait une cinquantaine de déplacements dans une vingtaine de pays différents : Europe, Asie, mais aussi Afrique du Sud, Argentine et pays du Golfe. 

De Bakhmout au Congrès américain

S'il a du charisme, il n'est pas ce qu'on peut appeler un bon orateur. Ses phrases sont souvent très longues, l'expression de sa pensée plutôt tortueuse. Mais en bon communicant, Zelensky cherche toujours à faire un "coup". En mai 2022, trois mois seulement après l'invasion russe, il fait même une apparition en visio au 75ᵉ Festival de Cannes. "Nous avons besoin d'un nouveau Chaplin, dit-il, qui prouvera que le cinéma n'est pas muet. Et je suis convaincu que le dictateur perdra ".

La même année, en décembre, au plus fort de la sanglante bataille de Bakhmout, il se rend en toute discrétion sur la ligne de front. Le lendemain, il est à Washington pour sa toute première visite hors d'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. Et quand il arrive au Congrès, il a entre les mains un grand drapeau jaune et bleu signé de la main des soldats.

"Quand j'étais à Bakhmout hier, nos héros m'ont donné l'étendard de ceux qui défendent l'Ukraine, l'Europe et le monde au prix de leur vie. Ils m'ont demandé de vous apporter ce drapeau, à vous, membres de la Chambre des représentants et sénateurs, dont les décisions peuvent sauver des millions de personnes. Alors que ces décisions soient prises ! Et nous gagnerons parce que nous sommes unis : l'Ukraine, les États-Unis et l'ensemble du monde libre".

Le piège du bureau ovale

Trois ans plus tard, l'Ukraine a perdu la guerre, fait toujours rage et la Maison Blanche a changé de locataire. Un coup de froid est tombé sur le bureau ovale. Le 28 février, Volodymyr Zelensky se fait piéger en mondovision par Donald Trump et son vice président. "Vous feriez mieux d'être plus reconnaissant parce que vous n'avez pas les cartes en main, commence le président américain. Avec nous, vous les avez, mais sans nous, vous n'en avez aucune !"

"En temps de guerre, tout le monde a des problèmes, répond Zelensky. Même vous. Mais vous avez un bel océan qui vous sépare. Alors, c'est vrai. Vous ne le sentez pas maintenant, mais vous le ressentirez plus tard". "Vous ne savez pas. Et ne dites pas ce que nous allons ressentir, tempête Trump. Vous n'êtes pas en position de nous dicter ce que nous ressentons". La scène aurait pu tourner à l'humiliation, mais Zelensky, qui garde son sang-froid, en sort renforcé. Et il n'y a pas de rupture avec l'allié américain.

Son hyperactivité diplomatique depuis trois ans lui a donné une stature de leader mondial. L'Ukraine n'a pas non plus disparu de l'agenda international. Malgré tout, le soutien occidental s'annonce fragile et à court terme, les perspectives de paix restent infimes.

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