Accès limité, droits d'entrée, colère des habitants... Des vacances d'été à l'heure du surtourisme

Face à l'afflux de voyageurs de plus en plus massif, de nombreuses destinations prisées des vacanciers prennent des mesures pour faire face au surtourisme, et préserver un environnement en péril. Des péages d'entrées aux visites minutées, tour d'horizon des restrictions mises en place, face à la colère croissante des habitants.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Pour lutter contre le surtourisme, les autorités ont décidé d'étendre la durée de la taxe touristique à Venise (photo d'illustration, le 23 juin 2025) (IMAGO/HARALD DOSTAL / MAXPPP)
Pour lutter contre le surtourisme, les autorités ont décidé d'étendre la durée de la taxe touristique à Venise (photo d'illustration, le 23 juin 2025) (IMAGO/HARALD DOSTAL / MAXPPP)

C'est la carte postale la plus célèbre de Grèce, l'un des pays les plus visités du monde avec environ 50 millions de touristes qui posent leurs valises dans le pays chaque année. L'île de Santorin, et ses petites maisons blanches immaculées, dont le contraste avec le bleu profond de la Méditerrannée offre un paysage inoubliable.

Un paradis en passe de devenir un enfer pour une partie de ses habitants, et même pour certains visiteurs, confrontés aux excès du tourisme de masse. Comme chaque été désormais, la petite île grecque sera submergée par les flots de touristes venus du monde entier. L'affluence atteint 3,5 millions de visiteurs annuels, pour un village qui n'avait pas l'électricité il y a encore 50 ans .. et qui ne dépasse pas les 15 000 habitants en temps normal. Après un pic de 29 000 croisiéristes par jour débarquant en 2024, les autorités ont dû limiter l'accès (pas plus de 8 000 personnes autorisées chaque jour à présent), et instaurer un droit d'entrée de 20 euros par visiteur.

Un dilemme pour les autorités

Le long de ses côtes, le gouvernement grec est également passé par une limitation réglementaire de la présence des transats sur les plages, et à cet afflux touristique se mêle désormais la réalité du réchauffement climatique, avec des épisodes caniculaires qui ont contraint, durant la semaine du lundi 7 au dimanche 13 juillet, à bloquer l'accès au Parthénon et à l'Acropole d'Athènes pour la première fois de l'été.

La Grèce constitue un cas emblématique du dilemme entre la gestion d'un surtourisme exacerbé par les réseaux sociaux, et le poids du secteur dans l'économie. Le tourisme y représente presque 20% des emplois et du PIB.

Ce n'est pas le seul pays à prendre des mesures, loin de là, dans un contexte de bond du tourisme mondial, à peine freiné par la parenthèse du Covid. Les initiatives se multiplient, à l'image de ce péage instauré à Venise. Dans son numéro consacré au sujet, Courrier International propose une carte du monde des restrictions imposées, et comme pour la cité des doges. Des mesures qui se traduisent bien souvent par le choix de taper au portefeuille des visiteurs.

L'"effet Instagram" et ses conséquences 

De nombreuses villes et des sites emblématiques sont devenus payants pour les voyageurs, ou ont vu les droits d'entrée gonfler, multipliés par deux aux Galapagos, ou par trois dans les parcs nationaux du Kenya, par exemple. Les interdictions sont aussi de plus en plus fréquentes. Faire rouler ses valises dans le centre de Dubrovnic, en Croatie, est maintenant passible d'une amende, comme une simple pause photo dans certains villages italiens, et les points de vue sur le Mont Fuji, au Japon, ont dû être équipés pour empêcher des attroupements.

La conséquence d'un "effet Instagram", qui rend certains lieux infréquentables, et se retourne parfois contre des joyaux du patrimoine, à l'image de ces sites de voyage qui en viennent à déconseiller la visite du Machu Pichu au Pérou. 

Exaspérés par le surtourisme, des habitants prennent aussi régulièrement les devants, pour dénoncer l'explosion des prix des loyers, ou le comportement irrespectueux des visiteurs. Lors de cette récente mobilisation à Barcelone, des manifestants ont aspergé des auberges de jeunesse au pistolet à eau et barricadé leurs accès.

Dans le quartier cossu de Notting Hill, à Londres, le coup de foudre a laissé place au coup de peinture : des habitants ont repeint en noir leurs immeubles, joliment colorés, pour faire fuir les touristes qui s'entassaient au pied des habitations. 

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