"Accord historique" sur l'archipel des Chagos : le Royaume-Uni reconnaît la souveraineté de l'île Maurice
Après plus d'un demi-siècle de litige et de bataille juridique et diplomatique, le Royaume-Uni et Maurice ont scellé un accord sur la souveraineté de cet archipel isolé de l'océan indien. Un nouveau chapitre de la décolonisation où le combats des autochtones s'est heurté aux intérêts stratégiques...américains.
Le moment est aussi historique que le lieu qu'il concerne est méconnu. Il concerne l'archipel des Chagos. Un chapelet d'îles paradisiaques, planté au milieu de l'océan indien, sorte de confettis d'atolls isolés à mi-chemin entre les côtes africaines et indonésiennes, quelque part entre les Seychelles et les Maldives.
Les Chagos, au centre d'un accord conclu, jeudi 3 octobre, dans lequel le Royaume Uni acte la reconnaissance de la souveraineté de la république de Maurice sur l'archipel. Un accord qui vient régler plus d'un demi-siècle de litige, et deux ans d'âpres négociations entre les deux gouvernements. Aussitôt signé, le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, a salué la portée du moment dans un discours à la télévision : "56 ans après notre indépendance, notre décolonisation est complétée. Aujourd'hui notre hymne national peut résonner encore plus fort sur tout notre territoire".
Une histoire de la décolonisation
Pour mesurer l'enjeu de la restitution d'un territoire pourtant situé à quelque 2 000 kilomètres de Maurice, il faut remonter l'histoire. Découvert par des marins portugais, exploité pendant deux siècles par la France et l'Angleterre qui y envoyèrent des esclaves pour la production d'huile de coco, l'archipel des Chagos est peuplé de quelques centaines de descendants d'esclaves ou d'immigrés indiens quand il passe dans le giron mauricien (alors colonie britannique) en 1903. Mais quand la république de Maurice obtient son indépendance en 1968, l'archipel vient d'en être détaché.
Une base militaire a été construite sur l'île principale de Diego Garcia, et en accord avec Londres, les États-Unis obtiennent l'usage exclusif de l'île pour 50 ans. En pleine guerre du Vietnam, Washington a négocié cette installation stratégique avec son allié, sur le dos des habitants. Les autorités britanniques organisent leur départ forcé, des bateaux vident les atolls dans des conditions inhumaines, et le voyage sera sans retour. Interdiction de revenir pour des centaines de familles qui finissent pour la plupart dans les bidonvilles de Port Louis, sur l'île Maurice.
Diego Garcia devient un atout stratégique américain
Évincée d'Asie du sud-est après la débâcle du Vietnam, l'armée américaine trouve aux Chagos un point d'accès privilégié au Golfe, à l'Asie et au Pacifique. Le lagon permet d'héberger dans la plus grande discrétion des sous-marins, des lanceurs de missiles ou des porte-avions, et de la guerre froide jusqu'aux opérations en Afghanistan ou en Irak, la base servira de point d'ancrage et de repli. Et avec la montée en puissance de la Chine, l'intérêt du site prend encore de la consistance ces dernières années.
Mais en parallèle, les descendants des habitants chassés et le gouvernement mauricien engagent une bataille juridique et diplomatique. La Cour Internationale de Justice se penche sur l'affaire et appuie les demandes mauriciennes, puis en mai 2019, l'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution demandant à Londres de retirer son "administration coloniale" de l'archipel et de le restituer dans les six mois à la République mauricienne.
Il aura donc fallu attendre jeudi 3 octobre 2024 pour que le dossier aboutisse. Contre la souveraineté mauricienne, Londres et Washington obtiennent de continuer d'exploiter la base pour 99 ans. Les descendants chagossiens pourront eux revenir vivre dans deux des trois îles de peuplement de l'archipel, une fois l'accord concrétisé par la finalisation d'un traité.
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