Côte d'Ivoire : le cacao, atout électoral pour Ouattara
Le premier tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire a lieu samedi prochain. Alassane Ouattara brigue un 4e mandat. Le Conseil constitutionnel a écarté les candidatures de ses principaux opposants, et il dispose d'un avantage sur ses concurrents : le cacao !
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"L'or brun" est une ressource stratégique pour la Côte d'Ivoire, qui est le premier producteur mondial de cacao. Le secteur fait vivre 25 % de la population active, autant dire que le prix du cacao est un véritable enjeu. Les cours sont fixés sur les marchés internationaux, à Londres et à New-York. Mais en Côte d'Ivoire, le prix est fixé par l'Etat, ce qui permet aux planteurs d'éviter de perdre trop d'argent quand les cours dégringolent. En décembre 2024, ils avaient atteint des niveaux records ; depuis les prix ont été divisés par deux à 6 000 dollars la tonne.
Pour le pouvoir en place, c'est aussi la possibilité d'envoyer des signaux à une partie de l'électorat. Alassane Ouattara ne s'en est pas privé, annonçant tout récemment une hausse du prix, devant les producteurs, responsables de coopératives et acteurs économiques, réunis le 1er octobre dernier au parc des expositions à Abidjian. Une réunion aux allures de meeting : les participants avaient revêtu un tee-shirt orange aux couleurs du RHDP, le parti présidentiel.
Hausse du prix garanti du cacao de 55 % sur un an
À un mois de l'élection, le président est venu leur apporter la bonne nouvelle : "Je vous annonce qu'au titre de la campagne de commercialisation 2025-2026, le prix bord-champ garanti du cacao bien séché et bien trié est fixé à 2 800 francs le kilogramme", a déclaré le chef de l’État, déclenchant la joie des producteurs, dont la filière est menacée par le réchauffement climatique. 2 800 francs CFA le kilo, soit une augmentation de 600 francs CFA par rapport au prix fixé en avril et de 1 000 francs CFA par rapport à la campagne de l'année dernière. Cela représente une hausse de 55 % en un an.
Geste électoraliste ? Le ministre d'Etat en charge de l'agriculture n'a en tous cas pas hésité à faire le lien avec le scrutin à venir, appelant les producteurs à traduire en actes leurs remerciements au président Ouattara. Les représentants des planteurs de cacao (l'Organisation interprofessionnelle agricole du café-cacao) ont par ailleurs annoncé un don de 20 millions de france CFA pour la campagne électorale du chef de l'Etat. "Nous savons que vous avez beaucoup de déplacements en ce moment, à l'ouest, au sud, partout, comme l’exige votre mission. Nous vous offrons cela pour le carburant", a expliqué Doua Blondé Obed, porte-parole des producteurs.
L'augmentation du prix du cacao, monnaie courante à l'approche d'une présidentielle
Ce n'est pas la première fois que Ouattara annonce une augmentation du prix du cacao juste avant l'élection présidentielle. En 2020, cela avait déjà été le cas (hausse de 21 %). Et le ministre de l'Agriculture avait eu ces mots : "Allez partout dans vos villages pour annoncer la bonne nouvelle de la candidature du président Ouattara. Le président a fait beaucoup pour vous, en retour vous avez envers lui un devoir de reconnaissance".
Même chose en 2015 : +18% pour le prix garanti du cacao. Ses adversaires avaient alors dénoncé un geste électoraliste. "Les zones productrices sont des bastions de l'opposition, donc il n'est pas inutile de s'adresser à elles", décrypte pour franceinfo Richard Banégas, professeur à Sciences Po et chercheur au CERI, co-auteur de La guerre des papiers en Côte d'Ivoire (à paraitre aux éditions Karthala). "Le PDCI-RDA, dont le candidat Tidjane Thiam a été écarté de la présidentielle, a représenté historiquement le monde des grands planteurs, la bourgeoisie d'affaires du cacao. La région centre-ouest de la 'boucle du cacao' est, elle, plutôt favorable à l'ancien président Laurent Gbagbo, lui aussi exclu de la course à la présidentielle".
Augmenter les prix du cacao n'offre pas la garantie d'un bulletin Ouattara dans l'urne, mais cela peut donner un coup de pouce, alors que la voie semble déjà relativement dégagée pour l'actuel président de la Côte d'Ivoire.
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