Critiques de l’ambassadeur américain sur la lutte contre l'antisémitisme : la même tonalité que dans la lettre envoyée par Benyamin Nétanyahou

Charles Kushner, l'ambassadeur américain à Paris, dénonce fortement dans un courrier, la manière dont la France lutte contre l'antisémitisme et parle "d'absence d'action suffisante du gouvernement". Des réserves qui ne passent pas et lui valent d'être convoqué par Paris, lundi.

Article rédigé par Anne-Laure Jumet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Charles Kushner, le nouvel ambassadeur des États-Unis en France et à Monaco, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une rencontre avec le président français le 18 juillet 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Charles Kushner, le nouvel ambassadeur des États-Unis en France et à Monaco, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une rencontre avec le président français le 18 juillet 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

L'ambassadeur américain à Paris est convoqué lundi 25 août au Quai d'Orsay, ce qui est très rare. Paris n'a pas beaucoup apprécié les propos de Charles Kushner. Dans une lettre à Emmanuel Macron, il critique la manière dont la France lutte contre l'antisémitisme, ses propos sont peu diplomatiques. Dans cette lettre adressée au président de la République et envoyée dimanche à la presse, Charles Kushner fait part de "sa profonde inquiétude face à la flambée de l'antisémitisme et à l'absence d'action suffisante du gouvernement pour le combattre". "Je vous exhorte à agir avec résolution" poursuit l'ambassadeur, de confession juive et qui est aussi le père du gendre du président américain Donald Trump.

Il liste au passage toutes les mesures que Donald Trump a mis en place, selon lui, pour lutter contre l'antisémitisme et conseille à Emmanuel Macron d'appliquer les lois relatives aux crimes de haine, de garantir la sécurité des écoles, synagogues et entreprises juives et, c'est là le point central, "d' abandonner les initiatives qui servent à légitimer le Hamas et ses alliés".

La reconnaissance de l'État palestinien en toile de fond

L'ambassadeur critique clairement la reconnaissance par la France d'un État palestinien. Il le dit plus haut dans sa lettre, des "gestes en reconnaissance d'un État palestinien encouragent les extrémistes, fomentent la violence et mettent en péril la judéité en France". On retrouve dans ce courrier, la même tonalité que celle employée par le Premier ministre israélien dans sa lettre envoyée il y a une semaine à Emmanuel Macron. "Votre appel à un État palestinien alimente le feu antisémite et récompense la terreur du Hamas", disait Benyamin Nétanyahou. Paris avait alors vivement réagi, parlant "d'analyse erronée et abjecte". On attend encore la réponse écrite que le président français a promis de faire au chef du gouvernement israélien.

Dans le cas présent, c'est l'ambassadeur américain en France qui porte la critique, et non Donald Trump directement. Par ce courrier, les États-Unis montrent une nouvelle fois leur soutien à Israël, à quelques semaines de l'assemblée générale de l'ONU, lors de laquelle la France reconnaîtra formellement l'État de Palestine.

La France veut montrer qu'elle ne cédera pas à la pression. Le Quai d'Orsay a très vite réagi dimanche soir. Les déclarations de l'ambassadeur américain vont à l'encontre du droit international, selon le ministère des Affaires étrangères, qui cite la convention de Vienne de 1961. Elle impose de ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures des États. Sur le fond, la France réfute les allégations et dit faire preuve d'une "mobilisation totale" face à la montée des actes antisémites.

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