Donald Trump "très énervé" par Poutine... et par Zelensky

Le président américain n'a pas caché sa frustration de voir les négociations pour un accord de paix patiner. "Furieux" contre le président russe, il menace de s'en prendre au pétrole russe, mais aussi au président ukrainien, qui refuse de signer un accord sur les minerais avec Washington.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Donald Trump dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 28 mars 2025. (BONNIE CASH - POOL VIA CNP / AFP)
Donald Trump dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 28 mars 2025. (BONNIE CASH - POOL VIA CNP / AFP)

Colère à la Maison Blanche. Pour la première fois depuis le début de négociations directes entre Américains et Russes autour d'un accord de paix en Ukraine, Donald Trump a exprimé publiquement sa frustration à l'égard du Kremlin. "Très énervé" ("pissed off") par le président russe selon le récit livré par la journaliste de NBC, Kristen Welker, qui a raconté son coup de fil avec lui, le président américain a manifesté sa colère, reprochant visiblement à Vladimir Poutine de "remettre en cause la crédibilité de Zelensky". Mais aussi de faire traîner les discussions, en proposant (c'était vendredi dernier) d'instaurer une "administration transitoire" pour l’Ukraine avant d'entamer des négociations.

Une manœuvre visant à pousser Volodymyr Zelensky vers la sortie, et à gagner du temps, au moment ou l'armée russe progresse sur le front militaire. Depuis l'annonce d'un cessez-le-feu sur les infrastructures énergétiques, Moscou a redoublé de virulence dans ses frappes contre les grandes villes ukrainiennes, avec plus de 110 drones tirés par exemple dans la seule nuit du samedi 29 au dimanche 30 mars.

Le pétrole russe, source majeure de financement de l'effort de guerre

Colère feinte, ou bien réelle, l'agacement exprimé par Donald Trump s'accompagne d'une menace sur les exportations russes de pétrole. "Si la Russie et moi ne sommes pas capables de parvenir à un accord", dit le président américain, "et si je pense que c'était la faute de la Russie, je vais imposer des droits de douane secondaires sur tout le pétrole qui sort de Russie". Un enjeu majeur, parce qu'en dépit des sanctions imposées depuis 3 ans, le pétrole russe continue de financer la guerre, notamment par le biais d'une flotte fantôme de plus de 800 navires, utilisée pour échapper aux sanctions occidentales.

Des sanctions qui ne touchent que 40% de cette flotte fantôme aujourd'hui selon des experts. Et si elles ont provoqué une chute des livraisons et donc des revenus en ce début d'année 2025 (baisse d'environ 20%), elles ne suffisent pas encore à endiguer les bénéfices générés par les géants de l'hydrocarbure, qui remplissent les caisses du Kremlin. Menaces sérieuses ou "de façade", on en saura davantage dans la semaine, car Donald Trump annonce un nouvel appel avec Vladimir Poutine.

Le président américain s'en prend par ailleurs aussi au président ukrainien, car Volodymyr Zelensky n'a toujours pas signé l'accord sur les minerais, négocié depuis des semaines. Il faut dire que les conditions posées par les Américains sont de plus en plus drastiques, et confinent au chantage. "S'il se retire de l'accord, il aura de gros, gros problèmes", menace le président américain, qui joue systématiquement ce refrain quand les choses n'avancent pas comme il le voudrait. C'est aujourd'hui le cas, et entre un Poutine qui joue la montre et un Zelensky qui refuse de s'écraser, Trump voit son rêve d'un accord de paix rapide s'éloigner. Ses coups de menton se heurtent à la complexité du dossier, et l'idée d'apparaître comme un perdant a tendance à l'énerver.

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