Face à Donald Trump, Vladimir Poutine joue la montre, et ne cède (presque) rien

Le Kremlin affirme être prêt à stopper immédiatement ses frappes contre les infrastructures énergétiques de l'Ukraine, après un échange téléphonique de plus de deux heures entre Vladimir Poutine et Donald Trump. Une maigre concession alors que Moscou maintient d'immenses exigences pour aller vers la paix.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Montage photo montrant Vladimir Poutine et Donald Trump au téléphone. (ALEXEY NIKOLSKY,NICHOLAS KAMM / AFP/ SPUTNIK)
Montage photo montrant Vladimir Poutine et Donald Trump au téléphone. (ALEXEY NIKOLSKY,NICHOLAS KAMM / AFP/ SPUTNIK)

La conversation était très attendue, mais son résultat apparaît bien limité. Vladimir Poutine et Donald Trump ont passé plus de deux heures au téléphone, mardi 18 mars, une semaine tout juste après des négociations entre Ukrainiens et Américains, et un mois environ après un premier appel entre les deux présidents. Une discussion à l'issue de laquelle le dirigeant russe a dit accepter d'arrêter de frapper les infrastructures énergétiques de l'Ukraine pendant un mois, mais a balayé d'un revers de main la proposition de cessez-le-feu complet, posé sur la table une semaine plus tôt par l'Ukraine.

Proposition a minima, que Donald Trump considère comme "productive", quand Volodymyr Zelensky y a perçu un aveu : "Vladimir Poutine a montré qu'il n'était pas prêt à arrêter la guerre", selon le président ukrainien, qui a dénoncé l'absence de son pays à la table des négociations, et qui a tenté d'être imagé à l'heure du dîner. "Malgré son appétit, nous ne sommes pas une salade ou une compote au menu de Vladimir Poutine" a poursuivi Volodymyr Zelensky.

Des négociations au point mort

Le chef d'État ukrainien a reçu dans la soirée le soutien de la France et de l'Allemagne, qui ont assuré qu'ils allaient continuer de soutenir Kiev, au moment même où des drones visaient l'Ukraine, signe que la trêve est encore loin. Vladimir Poutine, lui, voudrait que l'aide militaire occidentale s'arrête. C'est ce qu'il a exigé pour un cessez-le-feu complet : fin des livraisons d'armes et de matériels à Kiev, et même fin de la mobilisation des Ukrainiens. Des exigences évidemment inacceptables, et qui tranchent avec les miettes concédées par Moscou : arrêter de frapper les sites énergétiques, au moment où l'hiver prend fin, et consentir à un échange de prisonniers, ce qui se fait déjà régulièrement. Ça suffit pour ne pas froisser Washington, et laisser des émissaires discuter de la suite, à partir de dimanche 23 mars, en Arabie saoudite.

Profitant d'une situation favorable sur le terrain, le président russe gagne du temps. Un luxe dont il bénéficie, sans élections à l'horizon, sans opposants pour lui mettre la pression, et face à un Donald Trump qui manifeste en permanence son impatience, d'arrêter de financer la guerre comme de la voir continuer. Vladimir Poutine semble même prendre un malin plaisir à jouer la montre, comme l'a montré sa mise en scène mardi 18 mars, à l'heure même où son entretien avec Donald Trump était prévu. Confortablement installé dans un fauteuil, le président russe était sur la scène d'un forum économique regroupant des personnalités du patronat, et quand l'animateur de la conférence lui a rappelé qu'il avait rendez-vous, il a répondu par un sourire, faisant mine de ne pas savoir, devant une salle hilare.

Un épisode en décalage total avec le manque de respect reproché à Volodymyr Zelensky, alors que cette fois, Donald Trump n'a rien trouvé à dire à cette subtile marque de mépris. Les deux hommes boxent dans la même catégorie, celle des puissants, et au milieu des nombreux sujets visiblement abordés, comme l'Iran et le Proche-Orient, ils ont même évoqué l'idée d'organiser des matchs de hockey entre Américains et Russes à l'avenir. Difficile d'y voir un immense progrès pour l'autoproclamé roi de la négociation, et encore moins pour les Ukrainiens.

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