Face à la menace trumpiste, le Canada en quête d'alliés en Europe

Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney est en visite à Paris puis à Londres. Ce tout premier déplacement à l'étranger est motivé par l'agressivité commerciale et territoriale de l'Amérique de Donald Trump.

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney s'adresse aux médias après avoir prêté serment à Rideau Hall le 14 mars 2025 à Ottawa, Ontario, Canada. (MINAS PANAGIOTAKIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)
Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney s'adresse aux médias après avoir prêté serment à Rideau Hall le 14 mars 2025 à Ottawa, Ontario, Canada. (MINAS PANAGIOTAKIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Quand votre meilleur ami vous fait défaut, pire qu'il vous menace, vous essayez de vous en faire de nouveaux. En langage commercial et diplomatique, cela s'appelle diversifier ses partenariats et c'est ce que vient faire Mark Carney de ce côté-ci de l'Atlantique.

Le nouveau Premier ministre canadien, qui a succédé au démissionnaire Justin Trudeau vendredi 14 mars, s'entretient avec Emmanuel Macron lundi 17 mars lors d'un déjeuner de travail à l'Élysée avant de se rendre à Londres. Visite à forte valeur symbolique, les Premiers ministres canadiens réservant d'habitude aux États-Unis leur premier déplacement à l'étranger.   

La guerre des droits de douane risque de ruiner l'économie canadienne

Mark Carney, 60 ans, est un banquier d'expérience. Il a fait fortune chez Goldman Sachs avant de diriger la Banque du Canada puis la Banque d'Angleterre, mais il est novice en politique. Il se retrouve confronté à un immense défi, celui de répondre à l'agressivité de Donald Trump dont la guerre tarifaire est une menace existentielle pour un pays qui exporte à 75% vers les États-Unis.

Et la menace n'est pas seulement économique. Donald Trump n'en démord pas depuis quatre mois : le Canada doit devenir le 51e État américain. La frontière entre les deux pays est pour lui une "ligne artificielle" et sa menace de ruiner l'économie canadienne, une arme politique bien réelle. La réponse de Mark Carney est elle aussi on ne peut plus claire : "nous ne ferons jamais, jamais, partie des États-Unis". 

Menace d'annexion : les Européens prudents


Lors de sa visite, le Premier ministre canadien attend de ses alliés européens qu'ils parlent vrai, sans l'excès de prudence ni la fausse pudeur relevéee vendredi 14 mars par sa ministre des Affaires étrangères : "la réaction de mes collègues venant de l’Europe à la menace absurde de l’annexion [du Canada par les États-Unis] est 'est-ce une blague ?'", a déclaré Mélanie Joly lors de la conférence de presse qui a clôturé la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 qu'elle présidait.

Mark Carney espère qu'Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer, mais aussi le roi Charles, officiellement chef de l'État canadien, vont défendre clairement la souveraineté de son pays. 

La commande de F35 américains remise en cause

Sa visite vise aussi à renforcer des liens commerciaux qui existent déjà à travers l'accord Ceta, décrié en France. Cet accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne s'applique de façon provisoire depuis 2017, mais le Parlement français ne l'a toujours pas ratifié.

D'autres pistes de collaboration se font jour notamment en matière de défense : le Canada, qui devait acheter 88 avions de combat F35 américains, a décidé de réétudier l'affaire et examine d'autres options, a priori celle des avions de combat Gripen du suédois Saab. C'est là aussi une conséquence du virage géostratégique opéré par Donald Trump. Et le Canada n'est pas seul, plusieurs autres pays réévaluent leurs commandes américaines à l'image du Portugal qui pourrait, lui, se tourner vers les Rafale français.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.