Ikea veut indemniser des prisonniers politiques forcés de travailler pour l'enseigne d'ameublement en RDA dans les années 80
Après avoir exprimé ses regrets, Ikea a décidé de verser la somme de 6 millions d'euros. Ce n'est pas la seule enseigne à avoir eu recours, dans le passé, à des prisonniers politiques pour la fabrication de ses produits en Allemagne de l'Est.
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En Allemagne, Ikea a décidé, début novembre, de verser 6 millions d’euros pour indemniser des prisonniers politiques. Ces détenus ont été contraints de travailler pour le géant de l’ameublement dans les années 80, dans les prisons de l’ex-Allemagne de l’Est. Ils n’avaient pas d’autre choix, sous peine d’être privés de visites ou de courrier, ou d’être mis à l’isolement pendant trois semaines. Il s’agissait souvent de prisonniers politiques, des hommes et des femmes, qui avaient échoué dans leur tentative de passer à l’Ouest, ou qui avaient été condamnés pour avoir dénigré le régime est-allemand.
Il y a une douzaine d’années, Ikea a reconnu que des détenus avaient participé à la fabrication de certains de ses produits, tels que des armoires, des placards, des ferrures. Le géant de l’ameublement avait alors exprimé ses regrets. Ces 6 millions d’euros sont donc versés pour réparer le préjudice subi par les victimes. À titre de comparaison, 6 millions d’euros représentent un millième du chiffre d'affaires annuel du groupe en Allemagne.
Le groupe Ikea a lui-même lancé une enquête qui a duré de six mois, lorsque ses dirigeants ont découvert ce chapitre sombre. Des experts indépendants se sont plongés dans les archives de la Stasi et ont épluché plus de 1 500 pages de documents. Une centaine d’entretiens ont été menés et une ligne téléphonique a spécialement été mise en place pour permettre aux victimes et témoins de se signaler. Il est vrai que 40 ans se sont écoulés depuis les faits, mais pour Evelyn Zupke, la déléguée parlementaire pour les victimes du parti communiste est-allemand, il n’est jamais trop tard pour réparer. "Il y avait plus de 250 000 prisonniers politiques en RDA. Et ces personnes, qui ont vécu des expériences traumatisantes, qui ont passé des semaines et des mois dans une cellule individuelle et dans le noir, et qui ont également dû effectuer des travaux forcés en détention, souffrent encore aujourd’hui des conséquences de cette répression, a-t-elle déclaré à l’occasion des célébrations du 75e anniversaire de la Loi fondamentale allemande. De mon point de vue, il n’y a pas de date de péremption pour réparer l’injustice."
L’exemple d’Ikea n’est pas un cas isolé
Aujourd’hui, 38 000 victimes reçoivent une pension d’environ 330 euros par mois. Ikea est la première entreprise à participer à ce fonds d’indemnisation. La déléguée pour les victimes souhaiterait que d’autres groupes suivent l’exemple du géant de l’ameublement.
Le travail forcé était courant dans les prisons de l’Allemagne de l’Est. Des femmes détenues ont dû fabriquer des collants pour une enseigne de supermarché à bas prix. Des prisonniers ont conçu des pièces pour des appareils photo vendus ensuite par correspondance par des marques comme Quelle ou Otto. À Dessau, près de Leipzig, on produisait des cassettes audio, ailleurs du linge de lit. Cela permettait au régime de faire entrer des devises. De la fin des années 50 jusqu’à l’effondrement de la RDA, on estime que 15 000 à 30 000 personnes ont subi ce travail forcé dans les prisons est-allemandes.
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