L'affaire Epstein empoisonne la présidence de Donald Trump

Donald Trump fait face à une crise majeure, pour la première fois en conflit avec sa base électorale. Empêtré dans les soubresauts de l'affaire Epstein, du nom de cet homme d'affaires impliqué dans un scandale de pédocriminalité, le président américain tente de reprendre la main, mais peine à convaincre.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président américain, Donald Trump, le 18 juillet 2025. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)
Le président américain, Donald Trump, le 18 juillet 2025. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

"Ces gens font le boulot des démocrates, ils sont stupides..." C'est Donald Trump qui le dit, et qui parle de ses propres électeurs. "Qu’est-ce qui se passe avec mes gars et, dans certains cas, mes filles ?", s'interrogeait déjà le président américain quelques jours plus tôt sur son réseau social. Des critiques révélatrices du malaise qui a saisi la Maison Blanche, rattrapée par une affaire qui a longtemps fait recette pour séduire sa base.

L'affaire Epstein, du nom de ce magnat de la finance, c'est d'abord une affaire sordide de pédocriminalité et de trafic sexuel concernant des adolescentes. C’est ensuite un dossier qui n'a pas eu de conclusion, le suicide de Jeffrey Epstein alors qu'il était en prison, en 2019, empêchant la tenue d'un procès. C'est enfin une affaire, et encore plus après le suicide de l'homme d'affaires, qui charrie avec elle tout un tas de soupçons, de rumeurs et de théories complotistes.

L'arroseur arrosé

Donald Trump s'y retrouve en partie piégé, à la façon de l'arroseur arrosé. Voilà des années, et notamment pendant sa dernière campagne, qu'il promet vérité et transparence sur ce dossier, jusqu'à en faire un argument de vote pour son retour à la Maison Blanche. Sauf que sa ministre de la Justice, Pam Bondy, a rendu un rapport début juillet, qui écarte les pistes du chantage, du complot, ou de la compromission des élites, et enterre la théorie d'une liste de clients du criminel sexuel qui serait cachée au grand public.

Une conclusion qui pose un double problème à Trump : soit son gouvernement étouffe l'affaire, et sa promesse de transparence s'envole, soit ces théories n'ont effectivement pas lieu d'être, et cela vient désavouer un récit omniprésent dans les milieux conspirationnistes, et qu'il a lui-même entretenu pendant des années. Voilà comment le piège se referme, et comment Donald Trump se retrouve pour la première fois en conflit direct avec la galaxie Maga (Make America Great Again), comme on a l'habitude d'appeler les fervents partisans du président. Depuis, la colère de sa base la plus radicale ne retombe pas, et atteint des influenceurs ou des soutiens notoires du pouvoir, ulcérés comme jamais par cette forme de "circulez, y'a rien à voir".

Marche arrière et contre-feux

Des critiques d'abord balayées par Donald Trump, qui en reniant publiquement ses partisans, a renforcé leur colère, sans parvenir à éteindre l'incendie. Le président a donc décidé de contre-attaquer, et de multiplier les contre-feux. Il a consenti une marche arrière, c'est rare, sur le plan judiciaire, en demandant qu’un juge se prononce sur la publication des témoignages les plus pertinents de l'affaire. Et puis, grand classique, Trump s'en prend à la presse.

En général, c'est assez efficace, sauf qu'il réagit cette fois à la publication d'un article du Wall Street Journal, qui lui attribue une lettre au contenu salace, adressée en 2003 à Jeffrey Epstein pour son anniversaire. Une révélation qui met en péril le récit qui a permis, jusqu'ici, à Trump de ne pas être mêlé aux accusations visant l'homme d'affaires. Les deux hommes se connaissaient, des photos l'attestent, mais le président américain a toujours évacué toute proximité entre eux, et nié avoir eu connaissance de ses déviances. Face à la menace, sérieuse, Trump sort donc l'artillerie lourde, en attaquant le journal en justice pour diffamation, et en réclamant au passage 10 milliards de dollars de réparations.

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