L'Europe face au risque de devoir gérer seule le soutien à l'Ukraine
Le président américain laisse planer la menace d'un arrêt du soutien militaire et financier à Kiev, estimant que c'est à l'Europe d'apporter des garanties de sécurité à l'Ukraine en cas de cessez-le-feu. Un scénario qui soulève la question de la capacité européenne à prendre le relais de Washington.
C'est la question qui fâche pour l'Ukraine comme pour les Européens : Donald Trump va-t-il mettre un terme au soutien américain à Kiev ? Une question lourde de conséquences, mais de plus en plus d'actualité, à en croire le président américain, qui ne cesse d'insister sur le poids économique et militaire d'une guerre qui n'aurait, dit-il, "jamais eu lieu si j'avais été président à l'époque". Mercredi 26 février encore, Donald Trump a expliqué sans détour que l'Ukraine pouvait "oublier" une éventuelle adhésion à l'OTAN, et renvoyé aux Européens la charge d'apporter les garanties de sécurité réclamées par Kiev.
Avant de recevoir le Premier ministre britannique, Keir Starmer, puis le président ukrainien, vendredi 28 février, le président américain remet de plus en plus clairement en question le soutien apporté par les États-Unis, allié le plus puissant de l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. "Il est capital que l'aide américaine ne s'arrête pas", estime Volodymyr Zelensky avant de se rendre à Washington, mais "nous regardons de près ce que nous apportent nos partenaires, l'Amérique, l'Europe, et le reste du monde, et nous regardons ce qui est irremplaçable et ce qui peut être remplacé", ajoute le dirigeant ukrainien, bien conscient de la réalité de la menace.
L'Europe peut-elle prendre la relève ?
La question de la capacité européenne à prendre en charge le soutien à l'Ukraine, si l'aide américaine s'arrête, se pose donc désormais très concrètement. Pour l'évaluer, une publication d'experts, de deux instituts de référence (l'Institut Bruegel et l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale), offre une première estimation. À en croire cette étude, l'Europe peut assurer la relève, mais à la condition d'investissements massifs, et de la mobilisation rapide d'au moins 150 000 soldats, nécessaires pour dissuader Moscou. Une étude qui rappelle que l'armée ukrainienne reste aujourd'hui le meilleur rempart contre une agression russe, et que l'Europe a fourni un soutien équivalent à celui des États-Unis jusqu'ici, à hauteur d'environ 60 milliards d'euros. Si l'Europe devait gérer seule l'aide à l'Ukraine, il faudrait doubler cet investissement. Ce serait économiquement supportable, selon ce rapport, mais ça soulèverait d'immenses questions logistiques, sachant qu'une grande partie des équipements fournis à Kiev sont américains.
Dans un scénario plus radical, celui d'une attaque russe sur un pays européen, comme les pays baltes par exemple, l'Europe devrait opérer un déploiement plus massif encore. Pas moins de 300 000 hommes devraient être à disposition immédiatement, soit environ 20% des effectifs actuels des armées européennes, en comptant les 27, mais aussi le Royaume-Uni et la Norvège. En termes d'équipements, il faudrait un minimum de 1 400 chars, de 2 000 véhicules de combat d’infanterie et de 700 pièces d’artillerie, l'équivalent de ce qui existe aujourd'hui dans les forces françaises, allemandes, italiennes et britanniques réunies. Pour mettre en œuvre cet investissement colossal, il faudrait, toujours d'après cette étude, passer en économie de guerre, avec une industrie au service de l'effort, chiffré par les experts à 250 milliards d’euros par an, soit 3,5% du PIB.
Évidemment, tout cela reste très théorique, et soumis à une incertaine unité politique, connue récemment, quand l'épidémie de Covid a frappé le continent. Le plan de relance européen avait alors atteint 724 milliards d'euros. La question serait donc de savoir si nous pourrions faire pour le domaine militaire ce que nous avons fait en réponse à la crise sanitaire.
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