"L'Ukraine peut regagner son territoire" : le revirement spectaculaire du président américain Donald Trump

En marge de l'Assemblée générale des Nations unies, le président américain s'est entretenu avec Volodymyr Zelensky, à qui il a confié que l'Ukraine pouvait "regagner son territoire, et peut-être même aller plus loin" face à la Russie. Une volte-face à considérer avec prudence de la part d'un Donald Trump.

Article rédigé par franceinfo, Nicolas Teillard, Anne-Laure Jumet - Anne Soetemondt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Président américain Donald Trump et son homologue Volodymyr Zelensky présent à New York pour l'Assemblée générale des Nations Unies. (PRESIDENTIAL PRESS SERVICE HANDOUT HANDOUT / MAXPPP)
Le Président américain Donald Trump et son homologue Volodymyr Zelensky présent à New York pour l'Assemblée générale des Nations Unies. (PRESIDENTIAL PRESS SERVICE HANDOUT HANDOUT / MAXPPP)

Donald Trump a beau nous avoir habitués aux déclarations fracassantes et imprévisibles, le président américain a tout de même saisi l'assistance, mardi 23 septembre, lors de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky. Aussi sévère avec Moscou qu'il a été chaleureux avec son homologue ukrainien, il a jugé que l'Ukraine pourrait "regagner son territoire dans sa forme originelle et peut-être même aller plus loin" face à la Russie, dont il a pointé la faiblesse militaire et l'économie vacillante.

Une sortie qui tranche avec le sermon infligé à Zelensky au mois de février 2025, quand leur première rencontre dans le bureau ovale depuis le retour de Trump à la Maison Blanche avait viré à l'humiliation publique devant les caméras du monde entier.

À l’époque, le président promettait encore de "régler la guerre en 24h" et semblait épouser les positions du Kremlin, avec qui il venait de renouer officiellement le lien, échange téléphonique à l'appui. Un temps révolu, au moins pour ce qui est du règlement du conflit, et que le revirement de mardi acte de manière spectaculaire.

Une économie russe en plein "crash"

Après des mois de tergiversations, à épargner le Kremlin pour préférer s'en prendre aux alliés européens, Donald Trump a donc salué la résistance des Ukrainiens, et comparé la Russie à "un tigre de papier", en critiquant vertement les capacités de son armée. "Cela fait trois ans et demi que la Russie mène sans direction claire une guerre qu'une vraie puissance militaire aurait remportée en moins d'une semaine" a cinglé le président américain, qui a aussi pointé la faiblesse de l'économie russe, en plein "crash", selon lui.

Sur sa lancée, et cette fois aux côtés du président français, il a enfin confié ses doutes sur sa relation avec Vladimir Poutine, avant de sembler découvrir que l'Europe achète encore du gaz à la Russie, puis de suggérer aux pays de l'Otan d'abattre les avions russes qui violent leur espace aérien.

Les États-Unis conservent leur rôle de spectateur

Changement de ton ou changement de cap, la stratégie de Donald Trump reste à prendre avec beaucoup de précautions, tant le président américain varie dans ses prises de position, nous invitant à regarder ce qu'il fait, plutôt que ce qu'il dit. Aussi abrupte soit sa volte-face, elle ne dit rien de ce qu'il fera demain, et le médiateur déçu semble surtout vouloir prendre ses distances avec un conflit plus complexe qu'il ne l'imaginait. L'hypothèse transpire d'une autre déclaration, postée cette fois sur son réseau Truth social. "Nous allons continuer à fournir des armes à l'Otan, pour que l'Otan en fasse ce qu'elle veut. Dans tous les cas, je souhaite le meilleur aux deux pays. Bonne chance à tout le monde !".

Derrière cette formule bien désinvolte, un constat émerge possiblement dans l'esprit du président américain : si l'Ukraine peut gagner, à quoi bon négocier ? Si la Russie s'affaiblit, pourquoi la sanctionner ? Finalement, pourquoi ne pas rester en retrait, et laisser les Européens assumer la charge et l'issue d'une guerre qui est à leur frontière. Les marins vous diront qu'à force de changer de cap, on finit par tourner en rond.

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