La possible reconnaissance d’un État palestinien par la France, une tentative de raviver un processus au point mort ?

La France pourrait reconnaître l’État Palestinien "dans les prochains mois", a déclaré Emmanuel Macron, lors d’une interview diffusée mercredi soir dans l’émission "C à Vous" sur France 5.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président français Emmanuel Macron, le 9 avril 2025. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)
Le président français Emmanuel Macron, le 9 avril 2025. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

La France pourrait faire une avancée symbolique majeure en reconnaissant un État palestinien. Mais le conditionnel est important parce que l’annonce forte faite mercredi 9 avril au soir par Emmanuel Macron ne se traduit pas encore dans les faits. Le chef de l'État fixe tout de même un horizon, le mois de juin et cette conférence aux Nations-unies que la France co-présidera avec l'Arabie saoudite.

Ce qu'on peut rappeler, c'est la continuité historique d'une position française favorable à la solution à deux États au Proche-Orient, solution qui implique un État palestinien. Jusqu'ici, et comme la plupart des pays européens, la France a toujours préféré miser sur la négociation plutôt que sur une reconnaissance unilatérale de la Palestine qui resterait symbolique. Dans les faits, ça ne change effectivement pas grand chose.

Emmanuel Macron avait dit l'année dernière que le sujet n'était pas tabou. S'il va plus loin aujourd'hui, c'est sans doute à la fois parce que les négociations sont dans l'impasse, aussi bien pour une reprise de la trêve à Gaza que pour une solution politique à plus long terme. Mais aussi parce que l'arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, avec une administration très favorable à Israël, favorise la politique de colonisation de la Cisjordanie et pourrait aller jusqu'à une annexion pure et simple. C'est donc une manière pour l'Élysée de marquer son opposition et de poser une limite.

À la recherche d'un équilibre

Avec des conditions d'ailleurs, parce que dans la recherche d'un équilibre, Emmanuel Macron ne veut pas séparer la question palestinienne de celle de la sécurité d'Israël. L'ambition du chef de l'État, c'est d'entraîner d'autres pays avec lui dans la reconnaissance d'un État palestinien, tout en espérant pousser des pays qui ne reconnaissent pas Israël, à franchir le pas. Cela concerne, par exemple, des pays comme le Qatar, l'Algérie, le Liban ou l'Arabie Saoudite qui avait engagé ce processus lors du premier mandat de Donald Trump avant que la guerre à Gaza ne stoppe tout.

Dix-huit mois de guerre et des milliers de morts palestiniens viennent rendre plus complexe encore cette normalisation des relations avec des pays arabes. La démarche d'Emmanuel Macron reste donc très hypothétique mais il faut sans doute y voir une tentative de raviver un processus au point mort.
Aujourd’hui, 147 pays sur les 193 qui composent l'organisation des Nations-unies reconnaissent l’État palestinien mais parmi eux, seulement quatre pays européens : la Suède depuis 2014, et depuis l'an dernier, l'Espagne, l'Irlande, la Norvège et la Slovénie qui ont suivi la démarche en espérant infléchir la politique israélienne à Gaza . Ça n'a pas eu d'effets et ça a même contribué à une rupture des relations diplomatiques avec Israël dont les autorités ont considéré que cette reconnaissance marquait une "prime au terrorisme".

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