Les émeutes anti-immigrés après l'agression d'un vieil homme en Espagne relancent le débat politique sur les régularisations
L'épisode fait craindre une poussée de haine raciste en l'Espagne, alors que le gouvernement a procédé à des régularisations massives, ces dernières décennies, pour des raisons économiques et démographiques, à contre-courant des autres pays européens.
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Torre Pacheco, cette commune de 36 000 habitants située au sud de Valence, dans la région de Murcie, a été le théâtre de trois nuits d'affrontements et d'expéditions punitives, consécutives à l'agression d'un homme de 68 ans, mercredi 9 juillet, pris pour cible dans la rue, sans motifs apparents. Défiguré, ce retraité a raconté à des médias espagnols avoir été attaqué par trois jeunes d'origine maghrébine. La photo de son visage tuméfié a suscité l'indignation. Des images de l'agression, qui a été filmée, se sont répandues sur les réseaux sociaux, largement relayés par des groupes d'extrême droite.
Les violences ont débuté lors d'un rassemblement de soutien à la victime le vendredi qui a suivi, organisé à l'initiative de la commune. Selon le grand quotidien El Pais, "des dizaines d'hommes, vêtus de noir et certains encagoulés, ont fait irruption dans la manifestation et ont pénétré dans le quartier [de San Antonio], se livrant à ce qu'ils ont eux-mêmes appelé une 'chasse' aux immigrés nord-africains".
Une activité locale qui repose sur la main-d’œuvre étrangère
Des slogans comme "dans votre pays" ou "vive Franco" ont été entendus, et des incidents ont éclaté avec des habitants, qui ont dénoncé la présence de manifestants violents, extérieurs à la ville. Un journal local, La Opinion de Murcia, décrit "des groupes d'hommes parcourant les rues avec des bâtons à la recherche de personnes d'origine marocaine". Plusieurs commerces tenus par des étrangers ont également été saccagés, malgré une présence importante de la Guardia Civil, l'équivalent de la gendarmerie, dans la ville.
Le maire de Torre Pacheco a lancé des appels au calme, rappelant que 30% des habitants de sa ville sont des immigrés, "installés depuis plus de 20 ans", en majorité pour travailler dans les exploitations agricoles qui font vivre la région.
Lundi 14 juillet, les autorités régionales ont annoncé 10 arrestations : trois en lien avec l'agression de mercredi dernier, et sept avec les affrontements qui ont émaillé le week-end, précisant avoir identifié environ 80 personnes ayant participé aux affrontements.
L'extrême droite accusée de "jeter de l'huile sur le feu"
Ces évènements enflamment désormais le débat politique, sur fond de tensions autour des questions identitaires et migratoires, qui ont pris une place très importante dans l'opinion, notamment sous l'impulsion de Vox. Le parti d'extrême droite, particulièrement virulent sur le sujet, est porté par des sondages en forte hausse ces derniers mois. Le mouvement n'a pas hésité à parler d'une forme de "terrorisme nord-africain" après l'agression de Torre Pacheco. L'un de ses responsables a d'ailleurs participé à un rassemblement, en appelant les habitants à se défendre, avant d'être accusé de "jeter de l'huile sur le feu" par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, qui a dénoncé "des actes de haine incompatibles avec la démocratie".
Un épisode qui rappelle les émeutes anti-immigrés survenues l'an dernier au Royaume-Uni, à la suite de l'agression de trois petites filles et à des rumeurs propagées sur les réseaux sociaux. La crainte d'une propagation de ces violences à d'autres villes inquiète en Espagne. Le maire de Torre Pacheco, qui appartient au Parti Populaire de droite, a réclamé l'interdiction de rassemblements des groupes d'extrême droite dans sa ville. Sur le réseau Instagram, un groupe baptisé "Deport them now" (Déportez-les maintenant) a lancé un appel à une "chasse" aux immigrés du 15 au 17 juillet.
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