Nucléaire iranien : la menace de sanctions pour forcer Téhéran à revenir à la table des négociations

Une séance de travail se tient mardi à Genève entre l'Iran et la troïka européenne (France, Allemagne et Royaume-Uni). Objectif : aboutir à une solution négociée sur le programme nucléaire iranien. Sous peine du retour des sanctions de l'ONU.

Article rédigé par Anne-Laure Jumet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Cette image satellite, fournie par Maxar Technologies et prise le 12 février 2025, montre une vue d'ensemble de l'usine d'enrichissement d'uranium de Fordo (Fordow), au sud de la capitale Téhéran. (- / SATELLITE IMAGE ?2021 MAXAR TECH)
Cette image satellite, fournie par Maxar Technologies et prise le 12 février 2025, montre une vue d'ensemble de l'usine d'enrichissement d'uranium de Fordo (Fordow), au sud de la capitale Téhéran. (- / SATELLITE IMAGE ?2021 MAXAR TECH)

Les Européens mettent la pression sur Téhéran. Trois pays : la France, l’Allemagne, et le Royaume-Uni, qui composent le groupe E3, encore appelé la troïka européenne, somment Téhéran de donner des gages sur son programme nucléaire. Cette "réunion de travail", mardi 26 août à Genève entre l'Iran et ces trois pays, ne réunira pas les ministres des Affaires étrangères, mais leurs directeurs politiques. Des discussions qu'on peut qualifier préparatoires et pourtant le temps presse, selon le Quai d'Orsay.

La troïka européenne a tout récemment menacé l'Iran. Si aucune solution négociée n'est trouvée avant la fin du mois d'août, elle rétablira les sanctions de l’ONU, des sanctions suspendues en 2015, lors de l’accord de Vienne encadrant les activités nucléaires iraniennes. Il suffit d’une lettre, dit le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, pour rétablir l’embargo mondial sur les armes, sur les équipements nucléaires et sur les banques et assurances. L’Iran conteste ce droit aux Européens et cherche des alliés du côté la Chine et de la Russie, eux aussi signataires de l'accord de Vienne.
Le rétablissement de sanctions pourrait pénaliser à un pays déjà affaibli sur le plan économique, avec une inflation de 50% et des pénuries d'eau et d'électricité qui rendent le quotidien et l'activité des entreprises difficiles.

Réguler le programme nucléaire iranien

Les Européens espèrent une autre issue que le rétablissement des sanctions, ils souhaitent retrouver des moyens de contrôler le programme nucléaire iranien. Téhéran pousse son programme d'enrichissement d'uranium à 60%, loin des 3,67% fixé par l'accord de Vienne. On est là beaucoup plus proche d'un usage militaire. Pour surveiller les intentions de l'Iran, il faut d'abord que le régime accorde à nouveau un droit d'entrée aux inspecteurs de l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique (les frappes israéliennes et américaines de juin dernier ont eu pour effet de rompre les relations). Il faut aussi que des négociations reprennent avec les États-Unis.

Cinq cycles de pourparlers avaient eu lieu en avril et mai dernier. Donald Trump avait fixé pour objectif la conclusion d'un accord en deux mois, un délai arrivé à expiration le 12 juin. Et dans la nuit du 12 au 13, Israël bombardait des cibles militaires et nucléaires en Iran. Les États-Unis ont eux frappé des sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin. Cette "guerre des 12 jours" a bien évidemment porté un coup d'arrêt aux discussions.   

Les intentions du président américain difficiles à lire 

Fin juillet, les États-Unis ont annoncé d'autres sanctions sur l'Iran, touchant des navires pétroliers et porte-conteneurs, contrôlés par le fils d'un proche conseiller de l'ayatollah Khamenei. Une volonté de montrer qu'ils n'ont pas l'intention de baisser la garde.

Dans le même temps, Donald Trump assure que les frappes américaines ont complètement détruit les installations nucléaires du pays. Le chef du renseignement militaire vient d'ailleurs d'être limogé pour avoir, dans un rapport, estimé que la capacité de l'Iran à accéder à la bombe nucléaire avait seulement été retardée de quelques mois. Si tout est détruit, comme l'assure le président américain, y a-t-il encore un intérêt à négocier ? Donald Trump pourrait avoir la tentation de brandir un accord avec l'Iran, lui qui convoite le prix Nobel de la Paix. Reste que pour discuter, il faut être deux. Dimanche 24 août, l'ayatollah Khamenei est apparu en public pour rejeter toute négociation directe avec les États-Unis. 

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