Qui est Christophe Gleizes, ce journaliste français condamné à sept ans de prison ferme en Algérie ?

Christophe Gleizes, journaliste français condamné en Algérie à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme", est soutenu par ses proches et Reporters Sans Frontières qui dénoncent un procès injuste et sans fondement.

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le journaliste Christophe Gleizes, reconnu coupable en Algérie pour "apologie du terrorisme". (photo d'illustration) (HANDOUT / SO PRESS-RSF / COURTESY OF THE G)
Le journaliste Christophe Gleizes, reconnu coupable en Algérie pour "apologie du terrorisme". (photo d'illustration) (HANDOUT / SO PRESS-RSF / COURTESY OF THE G)

Christophe Gleizes, journaliste indépendant et collaborateur depuis 12  ans des magazines So Foot et Society, a été condamné dimanche 29 juin en Algérie à une peine très lourde à l'issue d'un procès pour "apologie du terrorisme". Ses proches et ses collègues, soutenus par Reporters Sans Frontières, dénoncent une décision injuste et sans fondements. C'est une nouvelle affaire qui agite les relations diplomatiques tendues entre la France et l'Algérie, alors que le verdict du procès en appel de Boualem Sansal, emprisonné depuis sept mois, est attendu mardi 1er juillet. 

Christophe Gleizes, parcourt le monde et notamment l'Afrique depuis 12 ans les magazines So Foot et Society . Il a écopé d'une peine de sept ans de réclusion criminelle, assortie d'un mandat de dépôt, ce qui signifie que le reporter a passé les deux dernières nuits en cellule, à la prison de Tizi Ouzou. 

L’affaire a commencé il y a déjà treize mois. Christophe Gleizes est arrêté en mai 2024, alors qu'il prépare un reportage sur les heures de gloire du JSK, la Jeunesse Sportive de Kabylie, le club de foot local de Tizi Ouzou. Sa mission prévoit aussi le portrait d'un footballeur algérien, assassiné dans les années 90, et une interview de l'entraîneur français du Mouloudia Club d’Alger. Une mission classique pour ce reporter chevronné, auteur de plusieurs enquêtes sur le foot africain.

Placement sous contrôle judiciaire, puis condamnation

Christophe Gleizes est interpellé pour avoir travaillé avec un visa touristique (ce qui arrive régulièrement dans des pays où le travail de la presse est muselé), mais surtout pour “apologie du terrorisme”. Une accusation très lourde qui lui vaut d'abord un placement sous contrôle judiciaire et une interdiction de quitter le territoire. Pendant plus d'un an, le journaliste indépendant pointe régulièrement au commissariat, et l'affaire n'est pas ébruitée.

Jusqu'à cette condamnation, ses proches et l'ONG Reporters Sans Frontières optent pour la discrétion, mais dénoncent un dossier juridiquement vide. Il est reproché à Christophe Gleizes des contacts, anciens, avec le responsable du club de football de Tizi Ouzou, qui est aussi membre du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK). Une organisation classée comme "terroriste" par les autorités algériennes en 2021, soit bien après la plupart de ces échanges, par ailleurs dénués d'une quelconque apologie, et non dissimulés à la justice algérienne.

La liberté de la presse en jeu

Le dossier n'a, a priori, aucun lien avec l'affaire Sansal, cet écrivain franco-algérien emprisonné depuis sept mois à Alger, et au centre d'un bras de fer diplomatique. La concomitance des affaires interroge néanmoins forcément sur l'instrumentalisation politique de la justice, sur fond de relations venimeuses entre Paris et Alger. 

Au-delà du cas personnel de Christophe Gleizes, c'est aussi la liberté de la presse qui est en jeu, et la confusion entre le droit et la politique étrangère. La diplomatie semble pourtant désormais le seul ressort possible pour envisager la libération du reporter, qui a fait appel d'une condamnation d'une sévérité sans précédent pour un journaliste français à l'étranger ces dernières années.

Christophe Gleizes dont les collègues de So foot dressent un portrait très touchant sur le site du magazine. On y découvre un passionné de terrain et de rencontres, attachant, et on y comprend aussi le profond désarroi de ses proches. Une pétition est lancée pour sa libération.

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