Un nombre record d'arrivées illégales aux Canaries en 2024
Près de 47 000 personnes sont arrivées illégalement l'an dernier sur les côtes de l'archipel espagnol, devenu l'une des principales voies d'accès à l'Europe pour les exilés en provenance d'Afrique de l'Ouest. Un afflux record que le gouvernement espagnol veut gérer avec humanité, mais qui s'accompagne d'un nombre sans précédent de décès et de disparitions en mer.
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C'est un balai désormais quotidien sur les côtes des sept îles de l'archipel des Canaries. Des embarcations, où s'entassent des exilés, accostent sur les plages ou à quelques centaines de mètres au large, et leurs occupants posent le pied sur le sol européen dans l'espoir d'un meilleur avenir. Une scène qui s'est répétée avec une fréquence sans précédent l'an dernier, le nombre d'arrivées bondissant de 17% en un an à 46 843 personnes.
Une forte augmentation qui contraste avec la chute de 40% du nombre d'entrées aux frontières de l'Europe, selon les chiffres de l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex, principalement liée à la baisse drastique constatée sur les routes migratoires des Balkans ou de la Méditerranée centrale. Cela fait de l'Espagne le pays d'arrivée d'un quart des migrations illégales vers l'Europe, principalement via les îles Canaries, malgré l'extrême dangerosité de l'accès à ses côtes par l'Atlantique. Les tentatives de traversées, depuis le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal ou la Gambie, ont ainsi coûté la vie à plus de 10 000 personnes l'an dernier (60% de plus qu'en 2023), soit l'année "la plus meurtrière", selon une l'ONG espagnole de défense des droits humains Caminando Fronteras.
L'Espagne entre politique d'accueil et manque de moyens
Au-delà de la proximité géographique avec les côtes africaines, plusieurs facteurs expliquent cet afflux plus important vers l'Espagne. Le très faible investissement des gouvernements des pays d'Afrique de l'Ouest pour endiguer les départs en fait partie. Mais aussi la politique anti-immigration de pays d'Europe centrale, comme la Hongrie, ou la sous-traitance à l'Albanie des demandes d'asile en Italie, mise en place par Giorgia Meloni, à travers un accord controversée avec Tirana. Une mesure d'ailleurs invalidée par la justice italienne cet automne, et peu suivie d'effets, mais qui prévoit que les personnes recueillies en Méditerranée par les garde-côtes italiens soient envoyées dans des centres de rétention en Albanie. Ça n'a pas empêché la présidente du conseil italien de délivrer des centaines de milliers de titres de séjours à des travailleurs étrangers, car cette main-d’œuvre est indispensable pour pourvoir des emplois, et pour assurer la pérennité du système de protection sociale et de retraites, mis à mal par la démographie du pays.
C'est un argument que Pedro Sanchez met aussi en avant, mais le Premier ministre espagnol s'attache à mettre en avant un discours beaucoup plus humaniste. Il a fait sensation en Europe en novembre dernier, avec une loi prévoyant de faciliter les régularisations. Elle prévoit l'octroi d'environ 300 000 titres de séjour par an d'ici 2027.
Le débat est néanmoins vif en Espagne, où l'immigration est devenue la principale préoccupation dans l'opinion, et où la gestion des mineurs isolés divise. Car si la prise en charge des demandeurs d'asile adultes relève du gouvernement central, celle des mineurs isolés est de la responsabilité des régions, autonomes en la matière, et la répartition, loin d'être équitable d'un territoire à l'autre, condamne les autorités des Canaries à supporter une charge de plus en plus lourde. Les structures d'accueil sont débordées, et les fonctionnaires comme les nombreux bénévoles, épuisés, souffrent d'une situation qui pourrait devenir ingérable.
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