Vote de confiance : la crise politique française observée avec inquiétude ou ironie en Europe

La crise politique française et la chute probable du gouvernement de François Bayrou ne laissent pas indifférents nos voisins et partenaires européens. Dans la plupart des capitales, on observe cette instabilité politique avec inquiétude, même si les difficultés d'Emmanuel Macron ou la gestion des finances françaises suscitent aussi quelques réactions ironiques...

Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Francois Bayrou lors de la séance des QAG à l'Assemblée Nationale, le 24 Juin 2025 (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Francois Bayrou lors de la séance des QAG à l'Assemblée Nationale, le 24 Juin 2025 (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Les turbulences de la politique française, illustrées par le vote de confiance du lundi 8 septembre, représentent une situation que les Italiens ne connaissent que trop bien. Pour avoir vécu avec l'instabilité gouvernementale en bandoulière et les finances publiques dans le rouge, au point que le pays écope du surnom peu enviable "d'homme malade de l'Europe", l'Italie suit les soubresauts de la politique française avec un soupçon d'ironie.

Les rôles se sont en quelque sorte inversés en quelques années. Après plus de deux ans et demi au pouvoir, Georgia Meloni savoure le redressement - même fragile - de l'économie, avec des comptes publics assainis et un chômage en baisse. Son gouvernement s'inscrit par ailleurs dans une durabilité historique, que les mobilisations contre sa politique ne semblent pas devoir remettre en cause. La dirigeante y gagne en influence sur la scène internationale. Mais, si François Bayrou ne sera sans doute pas regretté à Rome, où ses accusations de dumping fiscal ont froissé les Italiens, la crise du voisin français suscite aussi l'inquiétude de l'autre côté des Alpes, car la France est le deuxième partenaire commercial de l'Italie. Dans la botte comme ailleurs en Europe, personne ne veut être entraîné dans la chute en cas de difficultés durables chez nous...

Le moteur franco-allemand enrayé

Une inquiétude particulièrement sensible en Allemagne, qui a toujours eu un regard assez critique sur la gestion française des déficits, ou sur "ce voisin dispendieux qui vit au-dessus de ses moyens" selon la presse allemande...

Alors que Berlin se met peu à peu à lâcher la bride budgétaire, notamment pour sa défense, la France est présentée comme l'exemple à ne pas suivre. Mais l'Allemagne s'inquiète surtout de voir l'autre poids lourd de l'Europe s'enfoncer dans une instabilité chronique. De l'autre côté du Rhin, ces tensions françaises et ces blocages restent en partie une énigme, alors que la vie politique allemande est faite de compromis et de négociations entre partis.

Le chancelier Merz doit faire lui aussi avec une économie au ralenti, et une impopularité importante, au point que les initiatives franco-allemandes, indispensables au dynamisme de l'Europe, sont freinées et fragilisées. Personne ne s'en réjouit outre-rhin, à l'exception peut-être de l'extrême droite, qui elle aussi progresse dans les urnes, et se met à tirer les marrons du feu de la crise.

Ailleurs sur le continent, la presse souligne que François Bayrou a soulevé un débat essentiel sur la dette française, mais on partage une certaine incompréhension sur la stratégie du Premier ministre. La Libre Belgique consacre son éditorial du jour à son pari politique "suicidaire", et constate avec un brin de malice que la vie à Matignon est de plus en plus précaire de l'autre côté de la frontière, alors que le plat pays a vécu régulièrement dépourvu de gouvernement ces dernières années.

En Grèce, enfin, on retiendra cette mise au point dans les colonnes du quotidien Efsyn : "la France de 2025 n'est pas la Grèce de 2010" assure le journal, alors que la comparaison revient de plus en plus souvent...

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