Antisémitisme : l'Australie enquête sur une vague d'attaques qui semble être financée depuis l'étranger

Incendie de synagogue et de voitures, permanence d’un député juif dégradée, graffitis dans plusieurs quartiers... Cette suite d'actes criminels antisémites a poussé le gouvernement à constituer une équipe de police dédiée, qui a trouvé des liens entre les faits.

Article rédigé par franceinfo - Grégory Plesse
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Premier ministre australien Anthony Albanese se rendant sur les décombres de la synagogue Adass Israel, à Melbourne, après l'incendie survenu le 6 décembre 2024. (HANDOUT / DEPARTMENT OF PRIME MINISTER AND/ via AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese se rendant sur les décombres de la synagogue Adass Israel, à Melbourne, après l'incendie survenu le 6 décembre 2024. (HANDOUT / DEPARTMENT OF PRIME MINISTER AND/ via AFP)

L'Australie est depuis quelques semaines secouée par une vague d’actes antisémites. Incendies de synagogues à Melbourne et à Sydney, voitures brûlées, dégradation de la permanence d’un député juif, graffitis à caractère clairement antisémite dans plusieurs quartiers comprenant une importante communauté juive... Ces faits qui se sont multipliés depuis décembre ont alerté les autorités, qui ont constitué récemment une unité spéciale dédiée à ces attaques.

Et l'unité de police a fait une révélation étonnante : cette vague d’actes antisémites serait en fait financée depuis l’étranger. Si c’est avéré, cela signifie que ces actes, aussi odieux soient-ils, sont moins le produit de la haine que d’un banal appât du gain. Et en même temps, c’est évidemment très inquiétant car on aurait alors affaire à une opération de déstabilisation venue de l’étranger.

Voiture incendiée devant des graffitis anti-israéliens à Woollahra, dans la banlieue de Sydney, le 11 décembre 2024. (HANDOUT / AUSTRALIAN BROADCASTING CORPORAT/ via AFP)
Voiture incendiée devant des graffitis anti-israéliens à Woollahra, dans la banlieue de Sydney, le 11 décembre 2024. (HANDOUT / AUSTRALIAN BROADCASTING CORPORAT/ via AFP)

En tout cas, c’est une piste très sérieusement envisagée, c’est ce qu’a confirmé, mercredi 22 janvier, Reece Kershaw, le chef de la police fédérale australienne : "Nous pensons que certaines personnes ont été payées pour perpétrer des actes antisémites en Australie, dit-il. Et donc nous enquêtons pour savoir qui paie ces criminels, où se trouvent ces gens - en Australie ou à l’étranger - et quelles sont leurs motivations."

Des "missions" payées en cryptomonnaie

La police a également précisé que certains des auteurs de ces actes auraient reçu des paiements en cryptomonnaie. À ce stade, dix personnes ont été arrêtées, dont deux suspectées d’avoir incendié une synagogue à Sydney.

En revanche, jusqu’à présent, et malgré la collaboration des services de renseignement à l’enquête, aucun lien n’a pu être établi entre ces actes et des gouvernements étrangers, ou des organisations terroristes. Cette piste n’est toutefois pas du tout écartée.

Face à cette recrudescence d’actes antisémites, le gouvernement a donc réagi en mettant en place cette unité spéciale de police, qui estime que certaines de ces attaques sont liées entre elles et que, par ailleurs, elles seraient préméditées. Certains auteurs ont par exemple fait l’effort d’utiliser une voiture équipée de fausses plaques pour se rendre sur le lieu de leur méfait.

Une crèche incendiée à 200 mètres d'une synagogue

Des moyens supplémentaires ont été débloqués pour protéger les lieux de culte et les écoles confessionnelles. Cela n’a toutefois pas empêché l’incendie d’une crèche de Sydney, dans la nuit de lundi 20 à mardi 21 janvier. Et pour cause, cette crèche n’a pas d’affiliation religieuse, en revanche, elle se trouve à environ 200 mètres d’une synagogue.

Ce crime a profondément irrité Chris Minns, le dirigeant de l’État de Nouvelle Galles du Sud : "Je veux dire très clairement que ce qui vient de se passer est atroce, déclare-t-il. La police mène actuellement une enquête de grande ampleur pour retrouver les auteurs de crimes haineux et vicieux. Ces salopards seront appréhendés par la police", ajoute-t-il.

Le même Chris Minns a en ce sens annoncé qu’il allait faire adopter, d'ici quelques semaines, les lois les plus sévères d’Australie concernant les discours haineux. Et il compte par ailleurs adopter une législation visant à renforcer la protection des lieux de culte, à proximité desquels il pourrait par exemple devenir interdit de manifester.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.