Énergie : comment le Japon revient finalement au nucléaire, 14 ans après Fukushima
Alors que la France mise plus que jamais sur les EPR et l’énergie nucléaire pour assurer sa souveraineté énergétique, le Japon aussi veut réactiver l’atome. Mais le contexte reste compliqué depuis Fukushima, et le renouvellement des réacteurs a pris du retard.
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Depuis le drame de Fukushima, en 2011, dont les effets n'ont pas fini de se faire sentir, de nouvelles normes ont été définies vis-à-vis des risques de séismes. Ce risque, qui existe sur tout le territoire japonais, doit être couplé à celui de tsunamis, car toutes les centrales nucléaires du Japon sont en bord de mer. Les autorités ont aussi récemment pris en compte les risques de missiles ou d'actes terroristes.
"Le Japon est un pays de catastrophes naturelles, explique Akira Ishiwatari, membre pendant dix ans de l'Autorité de régulation du secteur. Par conséquent il faut des normes sévères particulièrement pour les installations nucléaires. Et ces normes, il faut les améliorer de façon continue." Le durcissement de ces normes aboutit au fait que seulement 14 réacteurs sur 32 restants ont jusqu'à présent pu redémarrer. Il y en avait 54 avant l'accident de Fukushima.
Un parc nucléaire très âgé
Le gouvernement japonais s'est pourtant récemment dit décidé à rétablir une place importante pour le nucléaire dans sa production d'électricité. Il n'a pas été possible de construire d'autres réacteurs depuis l'accident, faute de temps et du fait du traumatisme général. Alors le gouvernement a demandé à l'autorité nucléaire d'allonger les durées d'utilisation des réacteurs existants, car le parc est très âgé. L'autorité nucléaire a accepté de rendre possible l'emploi des réacteurs au-delà de 60 ans.
Un seul membre s'y est opposé : le spécialiste des séismes cité précédemment, Akira Ishiwatari. Il explique sa décision : "Quand je suis entré à l'autorité nucléaire, c'était avec la conviction qu'il fallait faire respecter la loi selon laquelle la durée d'utilisation d'un réacteur ne pouvait être étendue qu'une fois : de 40 ans à 60 ans maximum. Je considère que tant qu'il n'y a pas de justification scientifique, on ne doit pas arbitrairement changer une règle, surtout à la suite de pressions extérieures. Voilà pourquoi je m'y suis opposé." Il est donc le seul à n'avoir pas cédé au gouvernement, ce qui pose question sur l'indépendance de l'autorité de régulation.
Programme de relance
La population japonaise, elle, ne proteste pas contre cette relance du nucléaire. Elle paraît même résignée. Le gouvernement a donc levé le tabou et prévoit la construction de réacteurs de nouvelle génération, sans préciser quels types. Il a juste cité en exemple un modèle en développement chez Mitsubishi Heavy Industries. Les petits réacteurs modulaires intéressent aussi le gouvernement japonais, même si là encore il n'y a rien de concret dans les tuyaux.
En attendant, aucune mise en service de réacteurs de nouvelle génération n'est prévue avant la décennie 2040. Le Japon nous a en outre habitués à ne jamais tenir ses délais en la matière. Pour preuve, le démarrage de l'usine de retraitement de combustibles usés, à Rokkasho, dans le nord du pays, qui devait avoir lieu en 1997, a été reporté 27 fois. Ce lancement est désormais prévu en 2027, avec 30 ans de retard.
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