Fonte des glaces : après une année noire en 2024, l'ONU décrète 2025 comme année cruciale pour la préservation des glaciers sur Terre
Au lendemain du retrait des États-Unis de l'accord de Paris, les Nations unies ont lancé mardi l’Année internationale pour la préservation des 275 000 glaciers de la Terre. Leur état de santé est catastrophique et la quasi-totalité des glaciers des Alpes est touchée.
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En deux ans, le plus grand glacier de France, la mer de Glace, à Chamonix, a perdu 30 mètres d’épaisseur. D’ici la fin du siècle, il pourrait avoir disparu. Le constat vaut pour la quasi-totalité des glaciers des Alpes et leur recul est particulièrement visible en Suisse.
Le glacier du Rhône, en Suisse, offre un point d'observation optimal pour s'en rendre compte. La source du fleuve qui traverse tout le Valais suisse, se jette dans le lac Léman, puis repart, côté français, jusqu’à la Méditerranée.
Le glacier n’est plus que l’ombre de lui-même désormais. Chaque année, il recule de 6 à 8 mètres au minimum, à tel point qu’il y a une trentaine d’années, un véritable lac s’est formé à son extrémité. Pour ralentir sa fonte, décision a été prise de poser des bâches sur la partie basse du glacier du Rhône. "Le facteur le plus important, c'est leur couleur, explique le glaciologue Matthias Hüss, le blanc augmente le potentiel pour refléter les radiations solaires. Ainsi les bâches ne laissent pas l'air chaud toucher la surface de la glace."
Ralentir la fonte, sans pouvoir l'arrêter
Grâce à cette bâche, la fonte ralentirait de moitié environ. Mais il n’y a aucun miracle à attendre du procédé. Il est utilisé ici, avant tout, pour des raisons économiques, et pour permettre aux touristes de visiter une grotte de glace.
"Il y a environ 12 glaciers bâchés, mais les surfaces sont plutôt petites, décrit le glaciologue. À l'échelle de la Suisse, c'est 0,02% de la surface de glace qui est bâchée. Ce n’est vraiment rien. Il faudrait investir, chaque année, plus d'un milliard de francs suisses [ou d'euros] pour bâcher tous les glaciers en Suisse."
"Et même avec cet investissement, on ne pourrait pas stopper le recul des glaciers, mais seulement le ralentir."
Matthias Hüss, glaciologue.à franceinfo
Le procédé a aussi des inconvénients. Les bâches ont une fâcheuse tendance à glisser dans le lac. Comme elles sont en fibres synthétiques, on ne peut pas exclure le risque d’une pollution dans l’eau. Les glaciers n’ont pas besoin de ça, surtout qu’on sait désormais que les plus hauts sommets des Alpes sont susceptibles d’être recouverts de microplastiques, apportés par voie atmosphérique.
Ce qu’il faut retenir, c’est que 2024 a été une nouvelle année noire pour les 1 400 glaciers que compte la Suisse. Ils ont encore fondu de 2,4%, après avoir lâché 10% de leur masse totale entre 2022 et 2023. Les raisons de cette accélération sont l'été très chaud - sans aucune chute de neige à haute altitude - et un nouvel épisode de poussières du Sahara qui, en obscurcissant la neige, l’empêche de réfléchir le rayonnement solaire.
On sait déjà que 2025 ne changera pas la donne. Mais l’ONU espère au moins qu’elle apportera une prise de conscience pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. C'est désormais la seule solution pour véritablement ralentir la fonte des glaciers, qui apportent, il faut le rappeler, de l’eau potable à 2 milliards de personnes.
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