"Un vide d'information fiable est vite rempli par de la propagande" : en Ukraine la crainte des médias après la suppression d'aides américaines
Dans certaines zones proches du front, jusqu'à 77% des ressources des médias provenaient de dons américains. Mais l'administration Trump a suspendu les programmes de financement d'USAID et les médias indépendants ukrainiens redoutent de ne plus pouvoir informer.
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Depuis 2014, l'agence américaine USAID est l'un des principaux soutiens financiers du journalisme indépendant en Ukraine, en particulier pour les médias locaux. En pleine guerre, ces petites rédactions sont souvent les seules à informer les habitants, parfois jusqu'aux premières lignes du front. Mais le 25 janvier 2025, tout s'est arrêté. Sur ordre de Washington, tous les programmes de financement d'USAID ont été suspendus pour trois mois. Ce sont 64% des médias régionaux ukrainiens qui ont reçu une notification de gel immédiat de leurs financements. Une coupure brutale, qui fragilise la survie même d'une information libre dans les territoires.
En Ukraine pour beaucoup de rédactions locales, les fonds américains représentaient près de la moitié du budget annuel. Depuis le gel, 71% d'entre elles affirment avoir stoppé certains projets éditoriaux, et 58% ont réduit leur nombre de publications. "On a immédiatement coupé toutes nos dépenses non-essentielles, témoigne Serhii Prokopenko, le rédacteur en chef du média en ligne Gwara, qui couvre l'actualité de la région de Kharkiv à une trentaine de kilomètres seulement de la frontière russe. Plus de nouveaux projets, plus de recrutements. Heureusement, on avait anticipé un peu, donc on tient pour l'instant. Mais toute notre activité de développement est gelée et surtout, on ne peut plus planifier.
"On fonctionne au jour le jour, avec la peur de ne pas pouvoir continuer au prochain trimestre."
Serhii Prokopenko, le rédacteur en chef du média en ligne Gwarasur franceinfo
À cela s'ajoutent des coupes dans les piges et les salaires : 67% des rédactions ont déjà réduit leurs effectifs. Près de 40% envisagent des licenciements dans les mois à venir. Dans les régions de l'Est et du Sud, les rédactions les plus dépendantes aux subventions américaines sont aussi les plus exposées à la fermeture. Or, à ce jour, aucun mécanisme européen n'a pris le relais.
Un appel au soutien européen
Privés de soutien, les médias locaux ukrainiens risquent de disparaître. Avec eux, c'est tout un écosystème démocratique qui s'effondrerait : l'accès à une information critique, la surveillance des autorités locales, le relais des besoins des déplacés. "Lorsqu'il y a un vide d'information fiable, il est vite rempli par de la propagande, de la désinformation ou des fake news", redoute Tanya Gordiyenko, de la Media Development Foundation, une organisation ukrainienne indépendante, spécialisée dans la recherche et le soutien au journalisme local. "Les gens cherchent alors n'importe quelle source, sans garantie sur sa fiabilité. C'est pour cela qu'il faut absolument combler ce vide avec des informations vérifiées, avant que la propagande ne prenne toute la place", explique-t-elle.
"Les déserts de news, ce sont ces régions d'Ukraine où il n'y a plus assez de médias capables de produire de l'information critique."
Tanya Gordiyenko, de la Media Development Foundationsur franceinfo
Sans presse locale, le risque est clair : moins de transparence, moins de contrôle citoyen, et plus de corruption, mais aussi plus de fake news venues de Russie. Dans certaines zones proches du front, jusqu'à 77% des ressources des médias provenaient de dons américains. Ces médias peinent à compter sur leurs lecteurs, qui ont pour beaucoup quitter les lieux pour fuir les combats. La Media Development Foundation plaide pour un fonds de soutien structurel aux médias locaux, soutenus par les partenaires européens, avant qu'il ne soit trop tard.
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