Construire une majorité d’action : véritable solution… ou pure incantation ?
Pour le bloc présidentiel, des options sont désormais sur la table pour réunir une forme de majorité à l’Assemblée . Mais cette majorité sera-t-elle suffisamment solide pour gouverner ?
Une majorité solide, c’est précisément ce qu’Emmanuel Macron appelait de ses vœux quelques jours avant le second tour des élections législatives. Il en a été privé. Une situation présentée comme un échec cuisant pour le Chef de l’État par les différentes oppositions. Mais l’heure est venue de la contre-attaque !
Avant même l’intervention du président de la République mercredi 22 juin à 20 heures, les ministres Olivier Véran et Clément Beaune ont pris la parole dans la matinée, sur France Inter et BFMTV, avec un message à faire passer. "On est quand même la première force politique de cette assemblée. / Aucun parti en dehors du nôtre ne peut se targuer d'avoir gagné les élections. Tout le monde est majoritaire, si j'écoute les commentaires, sauf nous. Nous sommes la première force politique de cette assemblée. / Nous sommes sortis en tête des élections législatives. / Si les Français avaient adoré les Républicains, avaient plébiscité la Nupes, ils seraient majoritaires dans ce pays, ce n'est pas le cas." L’élément de langage est bien arrêté : ils sont arrivés en tête de cette élection.
Un rapport de force politique défavorable
Bien sûr, c’est une réalité incontestable, mais c’est aussi, à cette heure, une réalité peu pertinente. Nous revenons ici sur ce que nous disions mardi. Certes, le rapport de puissance à l’Assemblée revient à la majorité présidentielle mais tant qu’elle ne parvient pas à rassembler une majorité absolue, le rapport de force politique lui reste défavorable. Il va donc falloir, tant bien que mal, dégager une solution pour gouverner. Et justement, depuis dimanche, la doctrine gouvernementale semble bien arrêtée : deux options restent sur la table. "Cela peut-être un élargissement de notre majorité, la poursuite du dépassement, le centre gauche, le centre droit, assure Olivier Véran. Cela peut-être pourquoi pas, un élargissement encore plus large. Ou ça peut être un système de majorité projet par projet tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite. Et nous allons chercher, groupe par groupe, député par député s'il le faut pour pouvoir travailler pour l'intérêt général."
Deux options donc, soit rallier des groupes parlementaires, ou a minima suffisamment de députés, pour constituer une majorité, soit négocier sur chaque texte avec telle ou telle partie de l’Assemblée.
Des solutions compliquées à mettre en œuvre
En ce qui concerne l’accord de coalition, Les Républicains comme les Socialistes, qui sont prioritairement visés, ont déjà opposé une fin de non-recevoir, ce qui n’est pas très étonnant, étant donné qu’ils ont passé toute la campagne présidentielle à critiquer le projet d’Emmanuel Macron. Quant à la négociation texte par texte, on invoque depuis dimanche le précédent de Michel Rocard, en 1988 – Clément Beaune en parlait encore mercredi. Mais il me semble y avoir deux différences tout de même. La première, il manquait à Michel Rocard une poignée de députés : 14. On est très loin des 44 députés qui manquent aujourd’hui à Emmanuel Macron.
Et surtout, deuxième différence, à l’époque, Michel Rocard pouvait utiliser autant que nécessaire l’article 49-3, qui permet de faire adopter une loi sans vote. Et cela a été souvent nécessaire, justement : 28 fois en 3 ans. C’est la preuve que la négociation sur chaque texte, dans le contexte de la culture politique française, c’est très compliqué. Or, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, le 49-3 ne peut plus être utilisé qu’une fois par an, en plus des projets de loi de finance. Emmanuel Macron va-t-il pouvoir gouverner projet par projet avec une majorité plus faible encore, et sans les armes qu’offrait autrefois la constitution ? Cela semble compliqué.
Il semble que les déclarations gouvernementales s’apparentent, pour l’instant, à ce que l’on appelle la rhétorique de l’incantation. Clément Beaune et Olivier Véran nous présentent la réalité non pas telle qu’elle est, mais telle qu’ils voudraient qu’elle soit. Or, la réalité, au moment où nous parlons, elle paraît assez délicate pour le président de la République. Cela étant, il nous a maintes fois démontré sa capacité à renverser des contextes très difficiles. Comment va-t-il parvenir à s’extraire de cette situation en apparence inextricable ?
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