Emmanuel Macron : le mouvement pour seul contenu ?
Emmanuel Macron a dressé pendant deux heures son bilan sur TF1, sans jamais parler de politique. Et ce n’est pas forcément une bonne chose…
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L’événement politique de mercredi était bien sûr la grande interview d’Emmanuel Macron, sur TF1. Deux heures d’entretiens, durant lesquelles le Président est revenu sur les grands moments du quinquennat, il a ébauché des pistes pour l’avenir. Ce qui est choquant, c’est que malgré tout cela, à aucun moment Emmanuel Macron ne fait de politique et ce n’est pas forcément un compliment.
Pendant deux heures, le Président a dressé son bilan et a, aussi, beaucoup parlé de lui. Il est revenu sur ses origines, ses valeurs et a évoqué sa rencontre avec les Français. Et, surtout : il a appris, entend-on dans cette séquence : "J'ai appris sans doute que je suis plus sensible à certaines choses que je ne l'étais avant / Oui, c'est vrai, le respect fait partie de la vie politique et donc j'ai appris / j'ai appris à être / c'est aussi ce que j'ai appris / J'ai appris / j'ai appris / j'ai appris aux côtés des Français/ Qu'avez-vous appris ? / Sans doute à mieux les aimer."
Le beurre et l’argent du beurre
"J’ai appris", nous dit-il, les yeux brillants et la main sur le cœur. Si ce genre de phrases résonne aux oreilles de manière familière, ce n’est pas un hasard : elles relèvent du cliché politique. On se souvient par exemple de Nicolas Sarkozy, en 2012. A l’époque ministre de l’Intérieur, candidat à l’élection présidentiel, il ponctuait ses meetings de phrases ronflantes dans lesquelles il promettait : "J’ai changé."
Et ce n’est pas un hasard : du point de vue de l’ethos, c’est-à-dire de l’image que l’orateur construit de lui-même, le cliché du changement est un outil rhétorique fort commode. Il permet de revendiquer toute l’expérience accumulé lors des années passées en responsabilité, tout en rejetant loin de soi, les traits de sa personnalité qui étaient perçus négativement. C’est le beurre, et l’argent du beurre. Et en même temps, on peut se poser la question : a-t-il réellement changé, notre président ? Il y a tout de même quelques mots qui peuvent nous faire douter.
"Responsabilité, mérite, entraide, solidarité ; un pays fort mais juste ; et même, faire émerger le nouveau, de manière pacifique et harmonieuse" : c’est beau, mais le problème est que cela ne veut rien dire ! Tous ces petits mots sont des concepts mobilisateurs. C’est-à-dire des mots vagues, flous, sans contenus définis, mais qui sont connotés positivement. Ils ne disent rien… mais mettent tout monde d’accord ! Nous sommes tous pour le sérieux, l’innovation, ou la solidarité. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Comment cela se traduit-il politiquement ? Emmanuel Macron ne le dit pas, parce que s’il le disait, il commencerait à s’aliéner des électeurs !
La même signature qu’en 2017
C’était déjà le type de mots qu’Emmanuel Macron répétait de discours en discours en 2017. Et cela va même plus loin : comme en 2017, les concepts mobilisateurs viennent se nicher au cœur même de ses phrases. Pas seulement dans le choix des concepts, mais dans celui des verbes… Car ces phrases présentent toutes une spécificité : Emmanuel Macron y utilise des verbes transitifs de manière intransitive. Normalement, quand vous parlez de "transformer", vous êtes sensés dire ce que vous voulez transformer, pourquoi, et comment : c’est tout de même le fondement de la politique. Mais pas chez le président de la République ! Lui veut transformer… point ! Il veut "transgresser, bousculer, bouger, accompagner". Et point ! A la grammaire même de ses phrases, on comprend qu’il possède le mouvement pour seule ligne directrice. Au fond : il est en marche, sans pour autant nous dire où il va. Mais comme personne n’aime le statu quo, cette rhétorique lui permet de s’adresser au plus grand nombre.
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