Cet article date de plus de neuf ans.

Expliquez-nous... les cols rouges

Expliquez-nous Du lundi au vendredi à 6h20

Cinquante personnes, des "cols rouges" chargés du transport et de la manutention des objets destinés à être vendus à Drouot et six commissaires-priseurs, sont jugés à partir de ce lundi dans une affaire de vols à grande échelle. Les perquisitions ont permis de découvrir des montagnes d'objets anciens, évaluée à 250 tonnes, et quelques trésors, comme un Chagall.

Philippe Chevallier

Radio France

Publié le 14/03/2016 14:05 Mis à jour le 14/03/2016 14:11

Temps de lecture : 2min

Les cols rouges c'étaient les membres de l'Union des commissionnaires de l’Hôtel des ventes. L’UCHV chargé de la manutention des biens à l’Hôtel Drouot. L'Union des commissionnaires de l’Hôtel des ventes avait été créée en 1834. C'est seulement en1860, année du rattachement de la Savoie à la France, que Napoléon III avait octroyé aux Savoyards et Haut-Savoyards émigrés à Paris le monopole de ce travail. Ils devaient leur surnom au col rouge Mao de leur vareuse noire, sur laquelle était brodé en or leur numéro. Limités à 110 : chaque nouveau était coopté par un ancien, auquel il rachetait la fonction. On les appelait également les savoyards. Fondée sur la tradition, le plus souvent la parenté et le secret, cette communauté des cols rouges était alors une réponse sociale à la pauvreté qui touchait les Savoyards de Paris

Ills faisaient quoi exactement ces cols rouges à l'Hôtel Drouot à part détourner des objets à leur profit ?

C'étaient eux qui étaient chargés de la manutention et du transport de tous les biens achetés et vendus à l’Hôtel Drouot. La non spécialisation du travail était le mode de fonctionnement de cette corporation hors norme. Chacun était à tour de rôle porteur, chef d’équipe, et tous les quatre ans, chacun était chauffeur pendant un an. Seuls quelques postes fixes échappaient à la rotation. Il n’y avait ni hiérarchie, ni ancienneté, ni grille de salaires, la société était divisée en 110 parts égales. Toutes les décisions étaient soumises au vote. Les revenus étaient versés dans une caisse commune et redistribués équitablement entre les membres en fonction des jours travaillés par chacun. L'Union des commissionnaires de l’Hôtel des ventes avait le monopole sur ce travail jusqu'en 2010 et le démantèlement de l'UCHV. Et c'est sans doute ce monopole et le contrôle total sur les biens vendus à l’Hôtel Drouot qui leur a permis d’organiser ce réseau de vol. Même si tous ne se risquaient pas directement au vol, presque tous étaient complices