Comment Facebook nous transforme en comptables de notre popularité
L'interface de Facebook est remplie de données chiffrées. Pour évaluer leur influence sur notre comportement en ligne, un artiste américain a imaginé un Facebook sans aucun nombre.
Lorsque vous publiez un statut ou un post sur Facebook, vous attendez - peut-être hâtivement - de vérifier la popularité de votre contenu grâce au nombre de likes qu'il aura récoltés. Imaginez maintenant que l'ensemble des données chiffrées de Facebook n'existe plus : plus de notifications, aucun nombre de likes, de partages, de commentaires qui s'affichent.
C'est l'invention d'un artiste américain Ben Grosser, qui analyse l'influence des programmes informatiques sur notre culture. Il y a deux ans, il a conçu une extension pour navigateur Internet, le Demetricator , qui supprime toute donnée chiffrée de l'interface. Après près d'une dizaine de milliers de téléchargements, il en fait le bilan dans un article publié dans la revue Computational Culture .
Auteur de plusieurs projets qui interrogent notre société d'information (ScareMail pour prendre en piège la NSA en utilisant tous les mots-clé qu'ils surveillent de près ou des films transformés en oeuvres d'art digital), Ben Grosser a initialement voulu avec ce projet réfléchir sur sa propre consommation de Facebook qu'il utilise depuis 2007 : "quand j'étais sur Facebook, j'ai commencé à réaliser que je m'intéressais davantage au nombre de likes qu'aux personnes qui aimaient. De la même façon, je regardais le nombre de commentaires, et pas tellement le contenu".
Sans chiffres, nous serions "moins compétitifs sur Facebook"
Selon Ben Grosser, la tendance croissante de Facebook à quantifier l'ensemble de notre activité a plusieurs effets pervers, dont la compétition avec nos amis et la course au contenu dont on sait à priori qu'il va agréger un nombre suffisant de likes. Il a pu obtenir les retours de certains utilisateurs du Demetricator. "Certaines personnes m'ont raconté que ça les rendait plus calmes, moins compétitifs avec leurs ami. Ils ne regardent plus si leurs photos ont eu plus de likes que celles des autres. Un autre utilisateur m'a écrit que sans les nombres, il ne savait plus quoi liker. Ils ne veulent pas aimer des posts qui ont déjà trop de likes et en même temps, ils ont peur d'être les premiers à liker du contenu dont ils ne savent pas encore s'il va être populaire" , explique-t-il à France Info.
Ben Grosser a même poussé le vice de l'absence de chiffres plus loin : "j'ai aussi changé les données sur le temps. En général, Facebook vous informe que ce contenu a été publié il y a 3 minutes ou une demi-heure. J'ai réduit tout cela à deux options : récemment ou il y a longtemps" , raconte-t-il.
"Une personne m'a écrit qu'elle ne savait pas si elle pouvait liker quelque chose car elle craint que cela ne soit trop vieux. Cela nous montre que les données chiffrées rendent les utilisateurs très attentifs à ce qui est présent. Pour Facebook, ce qui est nouveau est important".
Lui n'a pas contacté Facebook pour cette étude, mais serait curieux de connaître l'ensemble des fonctions des chiffres qu'il appellent "invisibles", qui n'apparaissent pas sur notre interface.
Si les nombres sont devenus aussi importants pour le réseau social, c'est en partie lié à son modèle économique qui repose sur la publicité. En percevant ce que nous aimons, ce que nous postons et avec qui nous interagissons, il devient plus aisé de cibler des publicités qui nous conviendront. Depuis un an et demi, un programme en ligne de l'université de Cambridge en Grande-Bretagne se propose de deviner notre personnalité grâce au cumul des pages appréciées sur Facebook. "You are what you like".
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