Guerre entre Israël et le Hamas : en Cisjordanie, un autre front
En Israël, une centaine de personnes ont marché entre Tel Aviv et Jérusalem, exigeant du gouvernement israélien qu'il fasse tout pour libérer leurs proches, otages du Hamas à Gaza. Sur place, l'armée israélienne poursuit son encerclement et ses inspections dans les hôpitaux. En Cisjordanie occupée aussi, les affrontements redoublent.
"39 jours et nuits. Il n'y a pas de nuit, il n'y a pas de jour. Il n'y a rien ! Du noir, du noir ! Benyamin Netanyahou et le cabinet de guerre : Donnez-nous des réponses. Ramenez nos enfants, nos familles à la maison !" Une mère d'otage crie son désespoir au micro de notre envoyé spécial Willy Moreau, avant de marcher, avec une centaine d'autres personnes, de Tel Aviv vers Jérusalem. Durant cette manifestation de quatre jours sur 63 km, elles exigent du gouvernement israélien qu'il fasse tout pour les libérer.
Comme les Israéliens, le monde monde entier a les yeux rivés Gaza, notamment vers l'hôpital Shifa au centre de Gaza ville où elle suspecte le mouvement islamiste d'avoir caché des hommes, des munitions et des centres de commandement. Aux Nations Unies, le conseil de sécurité a adopté sa première résolution sur ce conflit demandant des "pauses et des couloirs humanitaires". Les Etats-Unis n'ont pas mis leur véto à ce texte qui fait pression sur Israël même s'il n'est assorti d'aucune contrainte.
La France dénonce la "politique de terreur des colons"
Mais l'inquiétude est immense en Cisjordanie occupée. Quand je suis parti du Proche-Orient au milieu de l'été, je pensais que la prochaine guerre éclaterait dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 où seules les grandes villes palestiniennes comme Naplouse, Hébron, Jénine, Ramallah ou Béthleem sont sous administration autonome de l'Autorité Palestinienne. Sinon, Israël contrôle et colonise méthodiquement la majorité du territoire. Selon le ministère palestinien de la Santé, 208 Palestiniens sont morts les neuf premiers mois de l'année en Cisjordanie et 198 autres depuis six semaines. On y trouve des terroristes et des combattants mais aussi des civils.
Des commandos palestiniens attaquent des Israéliens et surtout, outre les incursions de plus en plus meurtrières de l'armée israélienne, des colons juifs ont pris les armes et se sont même constitués en milices créées sous l'impulsion du ministre de la sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, un colon chef de file de l'extrême-droite religieuse, messianique et raciste. Vanessa Descouraux, envoyée spéciale de Radio avec Marc Garvenès et leur fixeur palestinien ont vu à l'oeuvre, à Taybeh près de Ramallah, ce que le ministère français des Affaires Etrangères qualifie de "politique de terreur" des colons.
En Cisjordanie, la popularité du Hamas en hausse
Pour Stéphanie Latte-Abdallah, directrice de recherche au CNRS, spécialiste du Proche-Orient et des territoires palestiniens et autrice de La toile carcérale, une histoire de l'enfermement en Palestine (éd. Bayard), "les attaques de colons se sont multipliées depuis un ou deux ans alors que les périodes de confinement durant la pandémie de Covid-19 a permis une colonisation accrue. Mais ce processus s'accélère depuis le 7 octobre avec six attaques de colons par jour avec des expulsions, notamment de populations bédouines." Selon elle, "l'armée israélienne est aussi très présente pour contrer, en amont, toute capacité d'attaque des groupes armés. On voit aussi l'Autorité Palestinienne encadrer et réprimer les manifestations de solidarité avec Gaza."
"On n'a pas encore de sondages pour mesurer la popularité réelle du Hamas en Cisjordanie mais le 7 octobre a été un basculement."
Stéphanie Latte-Abdallah, directrice de recherche au CNRS
"D'ores et déjà cette popularité est grandissante car le Hamas est perçu par les Palestiniens comme une façon de sortir de l'enfermement de Gaza, de mettre en échec le dispositif sécuritaire palestinien et de remettre au centre la question palestinienne que tout le monde voulait oublier, poursuit Stéphanie Latte-Abdallah. Cela ne veut pas dire que les gens adhèrent à l'idéologie du Hamas ni aux types d'actes qu'il a perpétrés."
Dans cet épisode : Willy Moreau, Vanessa Decoureaux, Stéphanie Latte-Adballah
Mise en ondes : Anne Depelchin
Technique : Chérif Bitelmaldji
Production : Frédéric Métézeau
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