"On ne peut plus faire sans la Coordination rurale", estime la présidente du syndicat, six mois après les élections dans les chambres d'agriculture

Le 21 mars 2025, la Coordination rurale et sa présidente Véronique Le Floc'h font une percée historique aux élections dans les chambres d'agriculture et remettent en cause la toute-puissance de la FNSEA, le principal syndicat agricole. "C'est le résultat de tout le travail, de nos agriculteurs sur le terrain qui ont démontré qu'ils ne voulaient pas mourir en silence, affirme alors Véronique Le Floc'h. C'est tout ce que vous avez pu lire sur nos lames de tracteur : 'Petit on en rêve, grand on en crève' ou 'Non, on ne se laissera pas faire'."

Six mois après, la Coordination rurale dirige une dizaine de chambres d'agricultures sur 94. Véronique Le Floc'h affirme que son syndicat a changé de dimension. "On n'est plus écoutés, on ne peut plus faire sans la Coordination rurale, tonne la présidente du syndicat. Si des gens ont voté pour nous, et ils sont plus de 20 000 ou 30 000 de mémoire, à avoir voté pour la Coordination rurale, c'est parce que tout le monde est conscient qu'on ne peut plus continuer dans la poursuite des 40 dernières années de politiques agricoles menées par la FNSEA qui nous ont conduits à faire perdre 100 000 exploitations en dix ans."

Ni de droite, ni de gauche ?

L'un des grands slogans de la Coordination rurale est "Laissez nous travailler". Le syndicat est contre l'interdiction des pesticides, contre l'administration qui contrôle les agriculteurs. Il est décrit aussi comme proche de l'extrême droite. 

"On est ni proche de droite, ni proche de gauche. Dans nos rangs comme dans les autres syndicats, on a toutes les tendances qui sont représentées."

Véronique Le Floc'h

sur franceinfo

"On a surtout une politique de rééquilibrage de la répartition de la valeur, poursuit-elle. Parce qu'aujourd'hui le maillon faible, c'est l'agriculture. Celui qui disparaît en permanence, c'est l'agriculteur. Donc on voit bien à chaque fois qu'il y a une réforme, ce sont les agriculteurs qui trinquent et il n'y a pas de prise de conscience. Étant donné que les assiettes sont pleines, on se dit qu'on fera bien sans les agriculteurs. Les citoyens auront toujours une source d'approvisionnement, qu'elle leur convienne ou pas."

Vers de nouvelles mobilisations ?

Depuis cette élection, il n'y a pour l'instant pas de réel changement selon elle : "On ne change pas une politique de chambre en quelques mois. Pour installer un vrai programme, il faudra déjà certainement arriver jusqu'au bout du mandat. Aujourd'hui nous avons remporté onze chambres, dans six ans, ce sera peut-être une cinquantaine de chambres. Là, oui, on pourra dire que les agriculteurs pourront espérer autre chose."

Quand on lui demande si de nouvelles mobilisations agricoles auront lieu l'hiver qui arrive, elle répond que "ça ne peut pas attendre l'hiver prochain". "Personne ne peut rester les bras croisés, dit-elle. On craint justement de ne pas pouvoir résister. On voit les épisodes récents au niveau climatique, que ce soit du gel, de la grêle, les maladies. On se demande comment peut-on encore résister ? Ce n’est pas du soutien moral qu'il nous faut. Ce sont des prix rémunérateurs pour avoir une capacité à vivre et à affronter les événements de demain."

Véronique Le Floc'h termine son premier mandat à la tête de la coordination rurale à la fin 2025, elle compte bien se présenter pour en faire un deuxième.