"Punchline et humour" : retour sur un discours devenu viral aux États-Unis, celui du sénateur Claude Malhuret contre Donald Trump

En mars dernier, une vidéo fait le buzz aux États-Unis. On y voit Claude Malhuret, sénateur de l'Allier, critiquer Donald Trump de façon cinglante à propos de la guerre en Ukraine, illustrant l'inquiétude des Français qui viennent de perdre l'un de leurs principaux alliés face à la Russie.

Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Claude Malhuret prend la parole au Sénat lors d'un débat sur l'Ukraine, le 4 mars 2025. (Capture d'écran YouTube (Public Sénat).)
Claude Malhuret prend la parole au Sénat lors d'un débat sur l'Ukraine, le 4 mars 2025. (Capture d'écran YouTube (Public Sénat).)

"Washington est devenu la cour de Néron : un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l'épuration de la fonction publique !" Le 4 mars dernier, au Palais du Luxembourg, Claude Malhuret, sénateur de l'Allier, prend la parole lors d'un débat sur l'Ukraine. Il profère un discours cinglant contre Donald Trump et son administration, quelques jours après l'humiliation de Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale. "Néron" dans ce discours est Donald Trump et le "bouffon sous kétamine" est Elon Musk, alors proche allié du président américain.

Par ces mots, Claude Malhuret illustre parfaitement l'inquiétude des Européens et plus particulièrement des Français qui viennent de perdre l'un de leurs principaux alliés face à Vladimir Poutine. Le sénateur se souvient : "C'était quelques jours après que Trump a convoqué - on ne peut pas dire autre chose - Zelensky dans le bureau ovale, qu'il l'a humilié devant tous les Américains et en fait devant le monde entier. Tout le monde était très en colère. J'étais très en colère. Et quand vous êtes en colère, les formules viennent beaucoup plus facilement."

Des formules "venues très naturellement"

La vidéo devient virale notamment aux États-Unis, grâce à des formules des punchlines qui font mouche. "'Bouffon sous kétamine', ça n'était pas compliqué puisque Musk lui-même avait dit qu'il prenait de la kétamine, précise Claude Malhuret, et d'ailleurs, il suffit de le regarder pour voir qu'il prend quelque chose. Quant à 'empereur incendiaire', c'est une formule qui m'est venue très naturellement parce que Trump est un incendiaire. Je ne dis pas qu'il met le feu à Rome comme Néron, mais enfin il met le feu à un peu partout au sens figuré. Il y a des formules qui me demandent un peu plus de travail. Celles-là me sont venues très naturellement."

La force de l'indignation du sénateur est peut-être à mettre en corrélation avec son engagement personnel. L'homme a été, entre autres, président de MSF et secrétaire d'État aux droits de l'homme, et l'attitude de Donald Trump a touché une corde sensible chez lui : "La corde sensible, c'était surtout celle de l'Ukraine", explique-t-il.

"J'ai été choqué, comme tout le monde, par cette image qui restera pendant des années et des années : l'image de l'humiliation de Zelensky, dans le bureau ovale, dans un guet-apens."

Claude Malhuret, sénateur de l'Allier

à franceinfo

"Et aujourd'hui, c'est insupportable d'entendre un président américain dire que les Russes sont les agressés et les Ukrainiens les agresseurs, poursuit le sénateur. Retourner la réalité, c'est totalement insupportable. Et d'ailleurs, personne ne l'a supporté. Donc je crois que j'ai réagi comme tout le monde, c'est tout."

Un écho dans la presse internationale

Dans la foulée, la chaîne CNN a repris des passages de ce discours, Claude Malhuret a été interrogé par la BBC et de nombreux journalistes étrangers sont venus le voir, notamment des Américains. "La première réflexion qu'ils ont tous faite, se souvient-il, c'est une question qu'ils se posaient à eux-mêmes. Ils me l'ont posée, mais ils se la posaient à eux-mêmes : pourquoi ça n'est pas un sénateur américain ou un Congressman américain qui a dit cela ? C'est exactement ce que tout le monde pense, mais on a l'impression que personne n'ose le dire ou n'arrive à le dire."

Quant aux multiples recours aux punchlines, Claude Malhuret l'assume totalement : "Je pense que, si aujourd'hui, vous voulez faire passer des idées dans un discours, vous avez deux nécessités, sinon vous n'êtes pas écouté : la première, c'est la punchline, et la deuxième c'est l'humour. Et si vous ne faites pas sourire les gens, si vous ne touchez pas une corde sensible, comme deux fils électriques qui se touchent, si vous n'arrivez pas à produire une étincelle, vous n'arrivez pas à convaincre, même pas à retenir l'attention. Donc oui, je revendique le fait de me servir à la fois de punchline, d'humour, d'ironie, parfois même un peu de sarcasme vis-à-vis de tel ou tel."

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