La chanson "Strange Fruit" de Billie Holiday inspire une bande dessinée, éditée chez Aire Libre-Dupuis

La BD "Strange Fruit" s'intéresse à l'auteur de la chanson, un certain Abel Meeropol, militant américain pour une égalité des droits entre tous les citoyens. Un combat retracé par le dessinateur A.Dan et le scénariste Vincent Hazard.

Article rédigé par Augustin Arrivé
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
"Strange Fruit", une bande dessinée par le dessinateur A.Dan et le scénariste Vincent Hazard. (A.Dan / Vincent Hazard /Éditions Dupuis)
"Strange Fruit", une bande dessinée par le dessinateur A.Dan et le scénariste Vincent Hazard. (A.Dan / Vincent Hazard /Éditions Dupuis)

Si la chanson est associée à Billie Holiday, c’est par une autre version qu’elle est entrée dans la vie de Vincent Hazard : "J'ai découvert Strange Fruit en étant enfant parce qu'à la télévision il y avait Nina Simone qui passait beaucoup, elle était très populaire. Quand j'ai acheté une compilation de ces titres, cette chanson figurait. Je ne comprenais pas les paroles mais vu l'intensité du chant, j'ai vite compris qu'il y avait quelque chose derrière cela. Quand j'ai compris les paroles, j'ai saisi pourquoi l'auteur de la chanson avait été révolté par ce qu'il voyait."

Ces "Strange fruits" (étranges fruits) qui poussent sur les arbres des États du Sud sont les victimes noires de lynchages racistes, monnaie courante dans les années 1930. Le parolier Abel Meeropol est New Yorkais, mais il avait vu des photos de ces meurtres, qui étaient parfois l’occasion de fêtes populaires. "En 1931, on pouvait attraper des gens, les pendre aux arbres pour faire justice soi-même, et des gens se retrouvaient derrière pour faire la fête en famille. On imaginait des lynchages du Ku Klux Klan qui se passaient la nuit, de manière plus ou moins cachée. Or, non, ces meurtres se passaient au grand jour, menés par une foule entière, et c’était profondément choquant", raconte Vincent Hazard, scénariste de la bande dessinée.

Abel Meeropol et "Strange fruit"

Voilà ce qu’Abel Meeropol, homme blanc, souhaite raconter en se tournant vers l'une des stars de la musique noire d'alors. La bande dessinée retrace autant cette rencontre que cette démarche possiblement risquée. "Je trouve cela intéressant de montrer que cette chanson qui parle de racisme contre les noirs soit écrite par un juif, blanc, New Yorkais, poursuit le scénariste. Il y a une vision universaliste, de compassion, d'intersectionnalité et d'autant plus quand on voit ce qu'il se passe aujourd'hui, aussi bien aux États-Unis qu'ailleurs, un regain de xénophobie".

"C'est important de célébrer la résistance à ces pensées qui conduisent à la violence et la destruction."

Vincent Hazard

à franceinfo

Les enfants d'Abel Meeropol ont aidé pour la documentation. Le dessin d'A.Dan, lui, nous plonge à merveille dans les cabarets new-yorkais de ces années-là.

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