Comment en finir avec le gaspillage des mètres carrés inutilisés ?

D’abord il y a la prise de conscience. On manque de logements – surtout dans les grandes villes – et l’on a, sous nos yeux, d'anciens bureaux désaffectés ou des espaces vacants et sous-exploités qui pourraient être réutilisés.

Le potentiel est bien là. Rien qu’en Île-de-France, selon la dernière étude de l’Observatoire de l’immobilier d’entreprise, ce sont plus de 5 millions de m2 de bureaux qui sont vacants (l’impact du télétravail est notamment passé par là). Cela représente un potentiel de création de 150.000 logements.

Transformer d’anciens bureaux en logements ?

Peut-on aménager en logement des surfaces de bureaux vides ? Non, car ce ne sont pas les mêmes permis de construire délivrés. Il y a des freins techniques, juridiques, économiques pour opérer une telle transformation.

Pourtant, très récemment, le rapport "Sisyphe", adressé aux pouvoirs publics, encourage cette idée. Il met en lumière des solutions. 80 professionnels auditionnés. Des architectes, des urbanistes ou des promoteurs affirment que c’est possible. On peut débloquer le potentiel de la transformation immobilière en logements.

Le rapport préconise plusieurs pistes : simplifier les règles d’urbanisme, adapter les normes incendies, de stationnement, supprimer la taxe foncière pendant les travaux, etc. La philosophie est de réutiliser l’existant, d'adapter, d'inciter plutôt que de contraindre.

D'autres initiatives pour limiter le gaspillage des mètres carrés

Il y a la plateforme Zéro logement vacant, une base de données publique et gratuite qui répertorie via une cartographie, des espaces vacants pour les collectivités.

La Banque des territoires, filiale de la Caisse des dépôts, vient d’annoncer le lancement de Transfo+, c’est le nom du dispositif pour soutenir les bailleurs sociaux dans la transformation de locaux vides en logements.

À plus petite échelle, on peut aussi faire preuve d’agilité et de bon sens : on connaît tous des bâtiments ouverts de 9h à 18h, fermés le soir, les week-ends, durant les congés et qui pourraient servir à des associations ou des start-up durant les périodes où les lieux sont inoccupés. Penser à la mutualisation des espaces.

Comment le mesurer ?

On a besoin de données. Parmi les actions collectives, Il y a L'IntensiScore (comme le NutriScore pour la consommation mais ici à l’échelle du bâtiment). Cet outil en phase de développement doit collecter des données pour mieux mesurer l’usage des bâtiments (fréquentation par heure, par semaine etc.) afin de leur éviter de rester vide la moitié de l’année. À terme, l’outil pourrait se développer à l’échelle des territoires.

Il y a l’association Surface + utile qui défend l’idée de transformer le parc immobilier inutilisé (si l’on ne peut pas en logements ou en locaux d’activités) pour des espaces en faveur de l’économie sociale et solidaire. Bref, penser intérêt général.

Une proposition de loi transpartisane a même été déposée à l’Assemblée nationale sur le sujet. Optimiser, régénérer, accélérer les transformations, anticiper l’immobilier de demain, c’est dans l’air du temps. L’avenir n’est plus dans le gaspillage, mais bien dans l’intensité d’usage.