Avec le documentaire "Cœur sanglant", "on entre vraiment dans la tête de Vincent Lindon", confie le réalisateur Thierry Demaizière

Thierry Demaizière et Alban Teurlai signent un film d’une authenticité rare sur l’acteur de "La loi du marché", éternel insatisfait, pétri de paradoxes, rempli de colère et terriblement attachant. le documentaire est diffusé mercredi sur Arte.

Article rédigé par franceinfo
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Thierry Demaizière , réalisateur, mercredi 5 février. (FRANCE INFO / RADIO FRANCE)
Thierry Demaizière , réalisateur, mercredi 5 février. (FRANCE INFO / RADIO FRANCE)

 Thierry Demaizière signe avec Alban Teurlai un deuxième documentaire sur l’acteur césarisé et prix d’interprétation à Cannes et à Venise, Vincent Lindon. "Vincent Lindon, un cœur sanglant", diffusé sur Arte mercredi 5 février à 22h35. Cette œuvre est le résultat de quatre années d’enregistrements et de vidéos que le comédien à lui-même déclenchés. "On est dans une vraie introspection et une intimité, on entre vraiment dans la tête de Vincent", indique le réalisateur.

Restés en contact après le premier documentaire, Thierry Demaizière souligne que c’est au cours de dîners qu’a germé cette idée d’aller plus loin, "on se disait dans ces dîners que le meilleur de Vincent était là, il a le sens de la punchline, il est drôle, mélancolique, en colère, mais on n'avait jamais de caméra". Il décide d’enregistrer à l’insu du comédien leurs conversations téléphoniques, ses messages vocaux et au bout de deux mois, la question de les garder ou de les effacer lui est posée. "Il a proposé de continuer et on lui a proposé de nous envoyer des sonores, coups de colère, coups de joie quand ça lui chantait. On a reçu 150 heures de rush", note Thierry Demaizière. 

Une humeur en forme de montagnes russes

Ce qui peut paraître frappant dans ce documentaire, c'est finalement l'immense solitude de cet homme, son désespoir, une idée que Thierry Demaizière balaie d’un revers de main : "Vincent adore l'apéro, la vie, la mélancolie, la colère, dans une même demi-heure, il est intensément heureux et intensément malheureux. C'est quelqu'un d'intense". Une humeur en forme de montagnes russes passant d'une joie extrême à un désespoir absolu, un homme sans nuances, à fleur de peau, extrêmement lucide, torturé, éternel insatisfait et qui trimballe une grosse blessure d'enfance. Vincent Lindon en témoigne : "Je me souviens, témoigne Vincent Lindon que j'avais été écouter aux portes et que j'avais entendu mon père dire à ma mère : ‘Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu pour avoir un fils pareil ? Qu'est-ce qu'on va faire de lui ?’ Mot à mot. J'ai la haine". "On a voulu démarrer le doc avec ses vraies blessures d'enfance pour voir que tout ce qu'il va raconter derrière, c'est tout sauf des caprices de star, c'est vraiment une blessure non guérie", confie Thierry Demaizière.

"Dans notre montage, il n'y a pas une seule seconde où Vincent Lindon joue. Il y a même des moments où il oublie complètement la caméra et peut-être presque trop."

Thierry Demaizière, réalisateur

à franceinfo


Une blessure qui finalement amène Vincent Lindon à se confier et en se livrant ainsi, il parle de lui, mais pas que, il aide les autres parce que ce qu'il dit, notamment sur son enfance, peut rejoindre chacun de nous. "C'est sa grande force". "Au-delà de l'égoïsme et du narcissisme propre à l'acteur poursuit Thierry Demaizière, il y a quelque chose chez Vincent qui est assez universel, qui fait que lorsqu'il parle de sa propre vieillesse, de ses parents, de ses mélancolies, il nous parle". "Il est tout le temps extrême et dans la colère et dans la joie, dans la mélancolie et on voulait absolument que le film raconte cette espèce de zigzags comme ça, entre ces trois états", conclut Thierry Demaizière.

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