"Il y a un réel engouement des Français pour l’art" : comment le magazine "L'Œil" échappe à la crise de la presse

Le mensuel, qui fête ses 70 ans, affiche une stabilité de ses ventes, avec une volonté affichée de démocratiser tous les arts, de la peinture à la photographie en passant par le design ou le patrimoine.

Article rédigé par franceinfo
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Olivier Celik, rédacteur en chef du magazine "L’Œil". (FRANCE INFO - INFO MEDIAS)
Olivier Celik, rédacteur en chef du magazine "L’Œil". (FRANCE INFO - INFO MEDIAS)

Le magazine L'Œil fait partie de ces titres qui ne souffrent pas de la crise de la presse papier. Né en 1955, le magazine référence dans le milieu des arts fête en 2025 ses 70 ans. Occasion pour ce 783e numéro de mettre en lumière deux artistes, en publiant deux couvertures, deux œuvres originales inspirées de deux tableaux célèbres : un Matisse et un Magritte. "Ce sont deux artistes qui ont été sollicités : un homme, une femme, deux générations différentes pour imaginer une couverture de L'Oeil", explique Olivier Celik, rédacteur en chef du magazine. Une manière, aussi, de faire un pont entre le passé et le présent pour ce 70e anniversaire.

Un numéro spécial tout à fait fidèle à l'ADN de L'Oeil, selon le rédacteur en chef qui tient en grande partie à démocratiser l'art et le rendre accessible à tous. "On pense que l'art est élitiste, que c'est pointu, mais il faut quand même savoir que depuis une vingtaine d'années, il y a une explosion de la fréquentation des musées", insiste Olivier Celik. Preuve que "l'engouement pour l'art est réel".

Un magazine engagé et indépendant

C'est en passant d'une revue à un magazine que L'Oeil a voulu œuvrer à cette démocratisation : "La revue va chercher des textes qui sont beaucoup plus longs, parfois un peu plus décorrélée de l'actualité. Aujourd'hui, on va plutôt accompagner la découverte de l'actualité, soit par des avant-papiers qui vont montrer des œuvres, qui vont les explorer, les analyser ou soit par des critiques". Une démarche critique essentielle pour accompagner le lecteur dans le milieu de l'art pour Olivier Celik : "On a effectivement une critique experte qui vous dit : est-ce que le projet de l'exposition est réussi ? Est-ce que ça vaut le coup ?".

"Notre travail, c'est de démocratiser en donnant des clés aux gens pour pouvoir comprendre les œuvres. Et bien sûr donner envie d'aller au musée."

Olivier Celik

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Démocratiser l'art c'est aussi démocratiser sa diversité insiste le rédacteur en chef du magazine. "L'Œil, c'est tous les arts, et tous les arts : c'est des arts pariétaux jusqu'à la création contemporaine. On ne s'interdit aucun champ. D'ailleurs, on va même aussi un peu vers le cinéma, vers le spectacle vivant, explique-t-il. Partout où il y a du geste artistique, on essaie d'être là".

Derrière le magazine, aucun grand groupe : une indépendance et une liberté précieuses qui garantissent la qualité des contenus et des expertises. "Ça nous évite d'avoir des collusions avec telle ou telle institution particulière qu'il faudrait traiter avec bienveillance, par exemple. On peut être critique, on peut être complètement indépendant, on peut conseiller ce qu'on veut. Ça, c'est notre force", assure Olivier Celik. Une formule qui semble fonctionner puisque le titre se maintient sur le marché sans même avoir lancé d'interface numérique. "Plus que dans toute autre presse, je pense qu'on a besoin de l'objet. On parle d'art quand même, on a beaucoup de reproductions de haute qualité et c'est quand même plus agréable de regarder un tableau sur un papier que sur un magazine papier", conclut Olivier Celik.

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