Édito
Bruno Retailleau, élu nouveau président des LR, peut-il rebâtir une droite forte et indépendante face au RN ?

Une victoire en forme de plébiscite pour le ministre de l'Intérieur, les trois quarts des adhérents de LR l’ont préféré à Laurent Wauquiez pour présider leur parti. Mais la force d’attraction du RN reste puissante auprès de sa base.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bruno Retailleau lors de son dernier meeting avant sa victoire à la présidence des LR, le 16 mai 2025. (SYLVAIN THOMAS / AFP)
Bruno Retailleau lors de son dernier meeting avant sa victoire à la présidence des LR, le 16 mai 2025. (SYLVAIN THOMAS / AFP)

C’est son ambition, "un parti, c’est fait pour gagner" a répété Bruno Retailleau le soir du dimanche 18 mai après sa victoire pour la présidence des Républicains. Mais le problème de la droite, c’est qu’elle est aujourd’hui trop faible pour espérer l’emporter seule. Depuis quelques mois, elle a, certes, repris un peu de couleurs mais le traumatisme de la candidature Pécresse à la présidentielle de 2022 - à peine plus de 4% des voix - demeure. Alors avec qui doit-elle s’allier pour exister, peser, voire gagner en 2027 ?

Bruno Retailleau a choisi de s’entendre avec le bloc central macroniste pour entrer au gouvernement, Barnier d’abord, puis Bayrou. Et il peut s’en féliciter. Sa présence place Beauvau était son principal atout pour conquérir le parti. Et ça a marché ! Sa victoire écrasante a tranché la question de la participation au gouvernement et il a confirmé dimanche soir qu’il entendait bien y rester. Le souci, c’est que toute une frange de la droite reste tenaillée par une autre tentation : celle du Rassemblement national.

Rappelons que le poste de président de LR était vacant depuis la désertion d’Éric Ciotti en 2024, en pleine campagne des législatives. Le député des Alpes-Maritimes s’était enfermé dans son bureau pour décider, tout seul, de rallier Marine Le Pen. Aucun ténor de la droite ne l’avait suivi, et il s’est retrouvé réduit au rôle de supplétif d’un RN finalement battu. Mais la force d’attraction du RN reste puissante auprès de la base.

L'économie, dernière divergence des deux partis

Le paradoxe, c’est que Bruno Retailleau prétend y résister en tenant sur les sujets régaliens exactement le même discours que l’extrême droite. Sur la sécurité, l’immigration, l’islam, la contestation de "l’état de droit" ou encore la crise avec l’Algérie, son propos tient du plagiat. D’ailleurs, comme son rival Laurent Wauquiez qu’il a écrasé, il admet que désormais seuls les sujets économiques et sociaux le distinguent, sur le fond, du RN.

C’est une stratégie pour récupérer des électeurs du RN, mais doublement risquée. D’abord parce que le RN pèse environ trois fois plus que LR. En politique, quand le petit copie le gros, c’est en général le gros qui aspire les électeurs du petit. En 2007, quand Nicolas Sarkozy avait siphonné l’électorat de Jean-Marie Le Pen, le rapport de force était inversé. Et puis, si seule l’économie sépare encore droite et extrême droite, il suffirait que le RN change de discours pour piéger LR. Or, c’est bien l’intention de Jordan Bardella qui prend déjà des accents un peu plus libéraux, un peu plus pro-business, pour préparer sa campagne présidentielle.

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