Édito
Budget 2026 : l’opposition face au dilemme de la censure

François Bayrou passe mardi son grand oral budgétaire, et il est certain que chaque piste du gouvernement pour faire des économies sera scrutée par les oppositions. Quant à la censure éventuelle, elle entraîne tout un calcul sur les prochaines échéances, notamment pour le RN.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Comte
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Temps de lecture : 2min
Séance de questions au gouvernement,  le 6 mai 2025. Photo d'illustration. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)
Séance de questions au gouvernement, le 6 mai 2025. Photo d'illustration. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Les annonces de François Bayrou du mardi 15 juillet vont devoir passer outre les lignes rouges de chaque parti d'opposition. Le Rassemblement national ne souhaite pas voir les retraités touchés par ce vaste plan d'économies, la France insoumise s'oppose à tout rabot sur les dépenses sociales en cas d'année blanche, une partie des LR sont vent debout contre toute hausse d'impôts. Tous sont donc prêts à mettre la pression sur le Premier ministre, et à réactiver la menace de la censure, le tout à huit mois des élections municipales et à moins de deux ans de la présidentielle.

Les oppositions sont sur le qui-vive mais elles sont aussi confrontées au délicat dilemme de la censure du gouvernement avec l'éventuel départ de François Bayrou. Si la France insoumise et une grande partie de la gauche voteront sans nul doute une motion de censure à l'automne lorsque le budget 2026 sera examiné à l'Assemblée nationale, on peut encore se poser la question de savoir ce que compte faire véritablement le RN.

La stratégie hésitante du RN

Certes, le parti à la flamme a déjà posé ses lignes rouges comme il l'avait fait avec Michel Barnier. Il a même assuré, sous la forme de menaces très directes, que "le tour de François Bayrou viendra". Mais plusieurs éléments pourraient faire hésiter Marine Le Pen et ses troupes avant de faire tomber François Bayrou.

La volonté du Premier ministre d'assainir les finances publiques pourrait en fait leur servir politiquement. En cas d'accession au pouvoir en 2027, il n'aurait plus à "faire le sale boulot", c'est-à-dire prendre des mesures impopulaires de réduction des dépenses publiques. De plus, l'appel à la responsabilité des parlementaires lancé dimanche par Emmanuel Macron face aux menaces de conflits mondiaux, pourrait entrer dans la balance d'un parti qui cherche toujours à se normaliser pour pouvoir gouverner. Et enfin, la proposition de François Bayrou de discuter d'une mise en place la proportionnelle aux législatives, cheval de bataille historique du RN, pourrait dissuader ce dernier de censurer.

Une dernière question, et pas des moindres, se pose aussi pour le parti d'extrême droite, qui a les clés de l'avenir politique de François Bayrou à Matignon : faut-il prendre le risque de censurer le gouvernement et donc d'offrir la possibilité au président de la République de procéder à nouvelle dissolution ? La question se pose alors que Marine Le Pen n'a, pour le moment, pas la possibilité de se représenter en cas de législatives anticipées.

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