Édito
Budget 2026 : séduire le PS sans perdre LR, la mission quasi impossible de Sébastien Lecornu

Sébastien Lecornu joue sa survie et tente de rallier PS et LR, mais chacun pose des conditions contradictoires : justice fiscale pour les socialistes, fermeté migratoire et influence accrue pour la droite.

Article rédigé par franceinfo, Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées, arrive au Sommet de la Coalition des volontaires, à l'Elysée, à Paris, le 4 septembre 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées, arrive au Sommet de la Coalition des volontaires, à l'Elysée, à Paris, le 4 septembre 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Sébastien Lecornu reçoit, vendredi 3 octobre, les forces politiques d’opposition. Le Parti socialiste fait monter les enchères, alors que Les Républicains aussi se font entendre. C'est d'ailleurs le point commun entre les deux partis, l'un et l'autre disent "le compte n’y est pas". Pour Bruno Retailleau, "la participation de la droite au gouvernement n’est pas acquise du tout à ce stade." La menace a été brandie dans Le Figaro, jeudi 2 octobre. Du côté des socialistes, les promesses de Sébastien Lecornu sont jugées insuffisantes. La non-censure n'est pas assurée. 


Le Premier ministre a mis sur la table des baisses d’impôts pour les salariés les plus modestes, le retour de la prime Macron défiscalisée, l’amélioration de la retraite des mères de famille et une promesse — vague à ce stade — de justice fiscale, qui exclut la taxe Zucman. Voilà donc les deux partis historiques de gouvernement qui font danser Sébastien Lecornu. Comme un air de revanche du vieux monde sur le macronisme qui voulait les balayer.


Le PS et LR mettent la pression sur le Premier ministre, alors qu'ils ont des intérêts diamétralement opposés.  C’est tout le problème pour Sébastien Lecornu. Le PS ne veut pas se compromettre en apparaissant comme la béquille du macronisme. La non-censure socialiste peut s’acheter, mais au prix fort, avec des victoires éclatantes qui éviteraient les procès en "social-traîtrise" venus des insoumis, et LR ne veut pas se compromettre non plus. Déjà que la droite refuse d’être soupçonnée de se fondre dans le macronisme…Il est inenvisageable pour LR de donner l’occasion au Rassemblement national de reparler "d’UMPS".

Des exigences diamétralement opposées

Le souci, c’est que les exigences de LR sont des irritants pour la gauche. Pas question de recycler l’ISF, mais ils réclament au passage le rétablissement du délit de séjour irrégulier. "La droite ne peut pas tout avoir : les gyrophares des voitures ministérielles et la chasse aux étrangers", ironise un cadre PS.


Séduire le PS sans perdre LR, reste la mission quasi impossible que Sébastien Lecronu a acceptée. Il est obligé de lâcher des choses aux socialistes. Sinon, ses semaines à Matignon seront comptées. La bonne nouvelle — relative — pour le Premier ministre, c’est que la droite est moins dure en affaires. Sa menace, c’est "juste" de ne pas participer au gouvernement. Ce serait un coup dur, mais pas fatal. LR n’irait pas jusqu’à renverser le Premier ministre. Les premiers déçus d’une non-participation au gouvernement seraient peut-être les ministres LR eux-mêmes. À droite, tous sont conscients que gouverner leur a fait retrouver des couleurs. La preuve : LR réclame, en cas de participation au gouvernement, un tiers des postes !

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