Édito
Budget 2026 : Emmanuel Macron réaffirme son soutien à François Bayrou malgré un climat politique tendu

Emmanuel Macron affiche, dans le magazine "Paris Match" un soutien très appuyé à François Bayrou et à son budget. La situation politique reste néanmoins fragile, avec une majorité menacée, des tensions sociales et une opinion critique envers le président de la République.

Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre français François Bayrou (à gauche) et le président français Emmanuel Macron (à droite)  avant la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée à Paris, le 2 juillet 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou (à gauche) et le président français Emmanuel Macron (à droite) avant la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée à Paris, le 2 juillet 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Baiser de la mort ou soutien décisif ? Emmanuel Macron conforte et adoube François Bayrou et son budget. "Il est mon ami, mon compagnon de route, il a les capacités pour tenir jusqu'en 2027." Voilà la déclaration d'amour qu’Emmanuel Macron fait à son Premier ministre, qui s'était littéralement imposé à lui en décembre dernier.

Le Président se livre au magazine Paris Match et à notre confrère Darius Rochebin, dans le décor ouaté de l'avion présidentiel, au retour du sommet sur l'Ukraine à Washington. En soi, ce soutien paraît normal, mais dans la forme et les mots employés, il est assez étonnant. D'abord, parce qu'Emmanuel Macron ne peut pas s'en empêcher : mettre son nez partout dans les affaires de politique nationale, impulser et valider les mesures sur le budget au printemps, ne jamais se priver pour appeler les ministres à discipliner leurs paroles.

Le président de la République fait tout pour exister, tordre le cou à l'idée qu'il serait privé de ses pouvoirs, affaibli ou isolé. Sa relation avec François Bayrou est, de ce point de vue, un symbole. Le maire de Pau avait critiqué la réforme des retraites, le choix des Premiers ministres, réclamé la proportionnelle, mais il reste celui qui, en le soutenant, a fait basculer la présidentielle de 2017. Emmanuel Macron ne l'a jamais oublié, mais il aimerait aujourd'hui ne pas rester spectateur de la fin de son mandat.

Ce soutien présidentiel risque d'attiser la colère contre le gouvernement, parce qu'Emmanuel Macron  est un président détesté, villipendé par une partie de l'opinion, a fortiori depuis la dissolution ratée, qui reste incomprise. Emmanuel Macron a beau jeu de redire que le pays a besoin de stabilité. Il faut voir dans cette confidence une manière de s'accrocher à son propre bilan économique. Quand il dit que le budget de François Bayrou est bon, il dit que ce qui a été fait depuis 2017 est bon : une politique pro-business, la baisse des impôts, la sacralisation du budget des armées. 

Un contexte politique toujours compliqué

Ce soutien à François Bayrou ne change rien à l'équation politique. Le Premier ministre ne se réveille pas mercredi matin avec une majorité. Il est à la merci des oppositions, sous la menace d'une motion de censure. Pour ne rien arranger, celui qui s'est souvent présenté comme le pape de la démocratie sociale s'est aussi mis à dos les syndicats en proposant de supprimer deux jours fériés. Des initiatives citoyennes se multiplient sur les réseaux sociaux pour appeler à tout bloquer le 10 septembre.

La politique, parfois, c'est comme le foot : quand un président de club soutient publiquement son entraîneur, c'est généralement très mauvais signe pour lui.

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