Édito
Entre la droite et l'extrême droite, les frontières s'effacent

Jordan Bardella accélère le rapprochement entre le Rassemblement national et Les Républicains, misant sur une stratégie d’"union des droites" et sur une convergence idéologique renforcée, notamment sur les questions identitaires et environnementales.

Article rédigé par franceinfo
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Jordan Bardella a été reçu en tête à tête par Nicolas Sarkozy mardi 1er juillet (photo d'illustration). (JULIE SEBADELHA / AFP)
Jordan Bardella a été reçu en tête à tête par Nicolas Sarkozy mardi 1er juillet (photo d'illustration). (JULIE SEBADELHA / AFP)

Les signes de rapprochement entre LR et le Rassemblement national se multiplient. Un flirt de plus en plus poussé avec à la manœuvre Jordan Bardella qui impulse un nouveau tête à queue tactique au RN. Finie la stratégie populiste qui récusait le clivage droite-gauche au profit de l’affrontement entre deux blocs, le peuple d’un côté soi-disant incarné par Marine Le Pen, les élites de l’autre, qui seraient rangées derrière Emmanuel Macron. Place à "l’union des droites" ou plutôt à l’union de la droite et de l’extrême droite. 

Jordan Bardella a lancé la pêche à droite et ça mord. C’est même de la pêche au gros puisque Nicolas Sarkozy l’a reçu en tête à tête mardi. Jordan Bardella l’a eu à la flatterie. Il s’était dit "choqué" par le retrait de la légion d’honneur à l’ex-président condamné, et offciellement, Nicolas Sarkozy a juste voulu le remercier. Aurait-il reçu Marine Le Pen si elle avait dit la même chose ? Sans doute pas. Il a choisi d’accorder un brevet de respectabilité au président du RN

La présidente du Conseil des ministres italienne Giorgia Meloni en modèle

Jordan Bardella veut achever l'OPA idéologique du RN sur LR. À l’Assemblée, les députés des deux groupes votent le plus souvent ensemble. La droite s'est alignée sur les positions anti-environnementales du RN pour enterrer les ZFE, remettre en cause les énergies renouvelables ou limiter le principe du "zéro artificialisation nette". Sur les sujets régaliens et identitaires - immigration, insécurité, islam – la gémellité était déjà assumée au printemps par les deux candidats à la présidence de LR, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, la mode anti-écolo est devenue le nouveau terrain de convergence des luttes entre droite et extrême droite. LR et le RN communient désormais autour d’un modèle commun : Giorgia Meloni. La mélonisation des esprits est à l’œuvre et les incite à se rapprocher.

La droite fustige pourtant le programme économique et social du RN, le qualifiant "d’étatiste", de "ruineux", voire de "mélenchoniste". Sauf que là aussi, le RN enclenche la mutation. C’est la véritable raison du refus des députés lepénistes de censurer mardi François Bayrou sur les retraites. Une façon d’enterrer peu à peu tout retour en arrière de l’âge légal, à 60 ou 62 ans, un signal pour rassurer le monde des affaires et l’électorat âgé de la droite bourgeoise. La prochaine étape, c’est un revirement programmé de plus. Le RN envisage de se convertir à une sorte de "règle d’or budgétaire" pour prôner une réduction drastique des dépenses publiques et ramener le déficit à 3% du PIB. Convaincu que Marine Le Pen ne pourra concourir en 2027, Jordan Bardella met ainsi peu à peu en place sa stratégie de campagne présidentielle pour gagner la primaire des droites au premier tour, et s’assurer de bons reports de voix du candidat LR - Bruno Retailleau ou un autre - au second.

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