Édito
Face au RN, s’allier ou pas avec LFI : le dilemme qui fracture la gauche

Le risque de voir le RN arriver au pouvoir peut-il justifier que les socialistes concluent une nouvelle alliance avec Jean-Luc Mélenchon ? C’est la position d’Olivier Faure, le patron du PS.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, lors du 81e Congrès de son parti, à Nancy, le 15 juin 2025. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)
Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, lors du 81e Congrès de son parti, à Nancy, le 15 juin 2025. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

C’est au nom de la menace de l’extrême droite qu'Olivier Faure, le premier secrétaire, reconduit de justesse à la tête du PS, refuse de s’engager à écarter tout "accord national et programmatique aux législatives pour gouverner avec LFI", lundi 16 juin. Malgré des mois d’affrontements et les multiples attaques que Jean-Luc Mélenchon et ses lieutenants infligent aux socialistes, le patron du PS ne veut pas rompre définitivement avec LFI. Car selon lui, sans candidat commun, la gauche serait éliminée dès le premier tour dans la plupart des circonscriptions.

Arithmétiquement, c'est probable. On l’a vu aux législatives de juillet 2024. C’est parce que le Nouveau Front populaire a présenté des candidats uniques qu’il a obtenu un résultat correct. Mais d’un point de vue politique, le raisonnement ne tient pas. D’abord parce que le NFP était loin de la majorité absolue, une centaine de sièges, et en termes de voix, le total de la gauche est historiquement faible, à peine 30% des voix. Nécessaire pour franchir le premier tour, l’alliance avec LFI est la garantie de la défaite de la gauche au second.

Dans tous les sondages, Jean-Luc Mélenchon est aujourd’hui beaucoup plus impopulaire que le tandem Le Pen-Bardella. Et il est écrasé par l’un comme par l’autre en cas de duel à la présidentielle. À force d’excès et d’outrances, LFI n’est plus un barrage, c’est un tremplin pour le RN. Par comparaison, l’extrême droite apparaît rassurante à une frange croissante de l’opinion. La preuve, Olivier Faure ne revendique pas l’alliance avec les insoumis. Non, il dit vouloir cultiver une "ambiguïté stratégique", la formule que les présidents de la République utilisent à propos de l’utilisation de l’arme atomique. C’est dire si le compagnonnage avec LFI est sulfureux, et même inavouable.

"Salopard antisémite" : Faure renvoie Guedj et Mélenchon dos à dos

Parce qu’à brutaliser le débat public, Jean-Luc Mélenchon s’est rendu infréquentable. Renvoyé à plusieurs reprises à sa confession juive, le député PS, Jérôme Guedj a fini par le traiter de "salopard antisémite", avant de regretter le mot "salopard", mais de confirmer l’accusation d’antisémitisme. Une charge appuyée lundi 16 juin par Raphaël Glucksmann, lui aussi visé en 2024 par la vindicte des insoumis pendant la campagne européenne.

Olivier Faure, lui, a préféré renvoyer Jérôme Guedj et Jean-Luc Mélenchon dos-à-dos. Et il exhorte les socialistes à changer de sujet, à parler retraites ou services publics, mais surtout pas antisémitisme. À force de "traiter Jean-Luc Mélenchon d’antisémite", il redoute qu’on "renforce son socle qui le voit comme un martyr". C’est vrai, il ne manquerait plus que les insoumis succombent au culte du Chef…

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