Édito
Futur gouvernement : le crépuscule du macronisme a ressuscité "l’ancien monde"

Sébastien Lecornu tente de ressouder un macronisme fracturé et de bâtir une majorité fragile. Huit ans après avoir promis le "nouveau monde", Emmanuel Macron dépend désormais de l’"ancien monde" pour sauver son quinquennat.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron, à l'Elysée, à Paris, le 15 septembre 2025. (BENOIT TESSIER / POOL)
Emmanuel Macron, à l'Elysée, à Paris, le 15 septembre 2025. (BENOIT TESSIER / POOL)

Sébastien Lecornu continue ses consultations et réunit de nouveau, mardi 23 septembre, les chefs des partis du socle commun. Le Premier ministre n’est pas Jim Phelps. Sa mission n’est "pas impossible", assure celui qui la lui a confiée, Emmanuel Macron. C’est plutôt une opération de la dernière chance. Le cinquième Premier ministre du deuxième quinquennat a donc des faux airs de John Carter, le héros de la série Urgences. En homme de méthode, il suit scrupuleusement le mode d’emploi de sa trousse de secours. D’abord, essayer de réanimer les rescapés du macronisme, qui se déchirent déjà en vue de 2027. Puis tenter de consolider l’alliance branlante conclue avec une droite où pullulent aussi les ambitions présidentielles. Et ensuite, appeler des renforts, à savoir Les socialistes, devenus incontournables. 

Qui l’eût cru ? Ce sont leurs 66 députés qui décideront de la survie du gouvernement Lecornu… quand celui-ci en aura un. Au sein de Renaissance, on soupèse les intentions du PS. On ausculte les humeurs d’Olivier Faure. On prend le pouls des députés socialistes qui le contestent. On appelle même à la rescousse les ex-PS devenus ministres macronistes. Bref, on s’angoisse : que veulent vraiment les socialistes ? Seront-ils prêts à conclure, le moment venu, un accord de non-censure ? Préfèreront-ils faire chuter Sébastien Lecornu pour provoquer une nouvelle dissolution ? Et les ministres LR, comment leur faire avaler la taxe sur les ultra-riches que réclame la gauche ? Les ministres de droite préféreront-ils claquer la porte du gouvernement ? Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la période : le crépuscule du macronisme a ressuscité "l’ancien monde".

Retour en arrière 

"Notre vie politique est organisée autour d’un clivage dépassé", "nos partis politiques sont morts de ne plus s’être confrontés au réel", écrivait en 2017 l’auteur d’un livre intitulé Révolution, un certain Emmanuel Macron. Il n’était plus question que de "dépassement", d’avènement d’un "nouveau monde". Huit ans plus tard, le chef de l’État en est réduit à quémander la bienveillance de "l’ancien monde", PS et LR réunis, pour sauver sa fin de mandat. Et la menace de l’extrême droite plane chaque jour un peu plus. "La classe politique est un peuple de somnambules qui ne veut pas voir ce qui monte", écrivait Emmanuel Macron en 2017. "Si nous ne nous ressaisissons pas, dans cinq ans, dans dix ans, le Front national sera au pouvoir."

À observer les ambitions rivales des Attal, Philippe, Darmanin ou encore Retailleau s’ébrouer dans le bac à sable du socle commun, on se dit que le candidat Macron était peut-être bien devin.

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