Édito
Jusqu'où la droite est-elle solidaire de Nicolas Sarkozy ?

Peinés pour l'homme, les dirigeants de droite n'ont guère envie de traîner le boulet des années Sarkozy, ressurgies avec force en images mardi avec l'incarcération de l'ancien président. Ils préfèreraient tourner la page.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les LR Christian Jacob (à gauche) et Henri Guaino (au centre), fidèles parmi les fidèles, sont venus mardi 21 octobre 2025 témoigner leur soutien à l'ancien président Nicolas Sarkozy avant son incarcération à la prison de La Santé. (JULIEN DE ROSA / AFP)
Les LR Christian Jacob (à gauche) et Henri Guaino (au centre), fidèles parmi les fidèles, sont venus mardi 21 octobre 2025 témoigner leur soutien à l'ancien président Nicolas Sarkozy avant son incarcération à la prison de La Santé. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Retour vers le futur mardi 21 octobre avec une famille recomposée unie autour du chef, dans la douleur comme dans la victoire jadis : un carré de fidèles de la première heure, et quelques dizaines de partisans émus, hurlant "Nicolas ! Nicolas !"...

On se serait crus au printemps 2007, lorsqu’au Fouquet’s d’abord, puis le jour de l’investiture à l’Élysée, les mêmes faisaient corps autour de leur héros. À l’époque, la famille déjà s’avançait en première ligne devant une nuée de photographes et de caméras sur le tapis rouge, déroulé dans la cour de l’Élysée, comme mardi, dans la ruelle de la villa Montmorency. Carla a remplacé Cécilia, le petit Louis a bien grandi, mais ce sont les mêmes images qui ont rejailli sur nos écrans avec, toujours au premier rang, les inusables Nadine Morano et Henri Guaino.

Un héritage politique encombrant

Le sarkozysme a toujours eu une face "people" incontournable. Mais c’est surtout son versant politique dont les dirigeants de droite, aimeraient bien se débarrasser, parce que Nicolas Sarkozy, c’est la mauvaise conscience de la droite. C’est d’abord le dernier à l’avoir mené à la victoire il y a près de 20 ans, en portant à l'époque, un grand rassemblement de la droite dure à "l’ouverture à gauche", de Patrick Buisson à Bernard Kouchner, et avec un appel aux classes populaires de la "France qui se lève tôt", une stratégie qui n’est plus de saison avec le rétrécissement de LR sur une base bourgeoise radicalisée. C’est donc un héritage qui demeure indépassable. C’est aussi celui dont les échecs au pouvoir ont nourri la remontée du vote lepéniste. Nicolas Sarkozy, c’est enfin celui qui, depuis des années, critique les errements de ceux qui ont tenté de reprendre le flambeau, de François Fillon à Bruno Retailleau, en passant par Laurent Wauquiez.

Beaucoup de responsables de droite lui ont manifesté leur solidarité. Pour l’homme oui, sans réserve. Au nom de l’esprit de "famille" du RPR d’antan, comme l’ont, par exemple, écrit notamment François Baroin et Christian Jacob dans une tribune au Figaro, ou des souvenirs du passé, mais sûrement pas au nom d’un quelconque avenir politique ou d’un combat commun contre les juges. Les dirigeants de la droite se sont bien gardés de reprendre les violentes accusations de Nicolas Sarkozy contre la justice. Tout juste certains veulent-ils mettre en débat le sujet de l’exécution provisoire de la peine. Pour le reste, ils n’ont guère envie de s’encombrer encore longtemps de son héritage politique. L’ancien président a emporté en prison un exemplaire du Comte de Monte-Cristo et beaucoup à droite, redoutent d’être bientôt gênés de nouveau par le retour annoncé de la statue du Commandeur.

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