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Édito
Jusqu'où le fidèle Sébastien Lecornu pourra-t-il s'affranchir d'Emmanuel Macron pour tenir ses promesses de "ruptures" ?
À peine installé à Matignon, il promet des "ruptures" de style et de "fond". Mais comment incarner le changement quand on est d’abord l’héritier du chef, choisi justement pour prolonger la ligne présidentielle ?
Dès sa prise de fonctions, mercredi 10 septembre, à Matignon, Sébastien Lecornu a promis des "ruptures" sur "la forme", mais aussi "sur le fond". Normal que le nouvel arrivant annonce du changement. Au vu de l’hécatombe de Premiers ministres et de l’impopularité record de l’exécutif, il aurait été surprenant, qu’il commence en disant : "Tout roule, on continue comme avant !". Sébastien Lecornu se veut aussi "plus créatif", "plus technique" et "plus sérieux" que son prédécesseur. Ce ne sera pas bien difficile tant le mode de gouvernance de François Bayrou semblait souvent trop personnel, brouillon, voire imprévisible, jusqu’à son hara-kiri final.
Le nouveau Premier ministre a déjà lancé des consultations tous azimuts. Mais ce n’est pas vraiment une "rupture" de méthode. Michel Barnier et François Bayrou avaient commencé de même. Et depuis trois ans, faute de majorité absolue, Emmanuel Macron a multiplié les nouvelles instances pour dialoguer avec ses opposants : les rencontres en format Saint-Denis, le Conseil national de la refondation, et d’autres. Tout a échoué.
Le cas Attal, le précédent disciple à Matignon
Si tout a échoué, c'est justement faute de "rupture sur le fond", c’est-à-dire faute de contenu, de concessions. "Le fond, c’est la forme qui remonte à la surface", disait Victor Hugo. Sauf que pour amadouer la gauche, ça ne suffit pas. Il faut du sonnant et trébuchant. Un accord de non-censure avec les socialistes, ça coûte cher. Or, à l’Élysée, Emmanuel Macron répète qu’il n’est pas question de rompre avec la politique de l’offre et de l’accroissement du travail. Pas touche non plus à la réforme des retraites, car "elle est bonne pour le pays", dit-il. Quant à augmenter certains impôts, il ne veut pas non plus en entendre parler. Pour concrétiser des "ruptures sur le fond". Sébastien Lecornu va donc devoir s’affranchir, un peu, de son tuteur.
Ce n'est pas simple. Le président a fait un choix de confort, celui de nommer son ombre à Matignon. Gabriel Attal fut un autre de ses disciples et il sait ce qu’il en coûte de prendre ses distances avec celui qui vous a propulsé à Matignon : la dissolution et la porte au bout de six mois. La "rupture", c’est difficile à incarner quand on est d’abord l’héritier du chef. C’était le slogan de Nicolas Sarkozy en 2007, mais il avait mené une guérilla incessante à Jacques Chirac, qui ne l’avait d’ailleurs jamais nommé à Matignon. À moins que l’ardeur juvénile de Sébastien Lecornu ne ressuscite les promesses de "grand soir" du chef de l’État. Après tout, le candidat Macron n’avait-il pas publié, en 2017, un livre, titré Révolution, qui professait l’avènement d’un "nouveau monde". Comme disait Joe Dassin, c’était il y a huit ans, un siècle, une éternité…
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