Édito
Motion de censure du gouvernement Bayrou : Jean-Luc Mélenchon sort la sulfateuse pour ramener les socialistes dans son rang

Le fondateur de La France insoumise menace les élus de gauche qui seraient tentés de ne pas voter la motion jeudi de placer un candidat LFI face à eux aux prochaines législatives. Il a aussi multiplié les invectives.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean-Luc Mélenchon lors d'un rassemblement pour défendre la sécurité sociale et le système de santé, à Paris, le 29 octobre 2024. (BASTIEN OHIER / HANS LUCAS)
Jean-Luc Mélenchon lors d'un rassemblement pour défendre la sécurité sociale et le système de santé, à Paris, le 29 octobre 2024. (BASTIEN OHIER / HANS LUCAS)

Après la déclaration de politique générale de François Bayrou, mardi 14 janvier, les insoumis ont déposé, comme prévu, une motion de censure. Et Jean-Luc Mélenchon menace ceux qui à gauche ne l’approuveraient pas. Selon lui, ils sortiraient de l’accord du Nouveau Front populaire. Et Jean-Luc Mélenchon prévient qu’il présentera un candidat insoumis aux législatives pour faire battre les députés PS qui ne se plieraient pas à ses oukases. Depuis dix jours, il les a déjà couverts d’injures parce qu’ils négociaient avec le gouvernement. "Servilité", "forfaiture", "reniement", tout y est passé. Mardi, il a donc à nouveau sorti la sulfateuse. Un rappel à l’ordre façon Tontons flingueurs. Comme l’ainé des frères Volfoni dans le film, Jean-Luc Mélenchon veut rappeler à Olivier Faure "qui c’est Raoul !". On sait depuis quelques années, et une perquisition mouvementée, que la République, c’est lui ! Hé bien le NFP, c’est lui aussi ! Et la gauche d’ailleurs, c’est lui, et personne d’autre ! 
 
Face à cette posture, le groupe PS est divisé et il n’a pas encore décidé de son attitude lors du vote sur la motion de censure jeudi. Mais Olivier Faure penche pour la censure, car à ses yeux, "le compte n’y est pas", François Bayrou n’ayant pas annoncé la "suspension" de la réforme des retraites, mais la réouverture de négociations. Jean-Luc Mélenchon l’avait pressenti. Il a donc sauté sur l’occasion pour reprendre en main les écologistes et les communistes, qui voteront sa motion de censure. Et pour mettre sur le PS une pression maximale qui pourrait bien porter ses fruits.
 

Quel avenir pour le NFP ?


Le Nouveau Front populaire pourra-t-il survivre à ce nouvel esclandre ? Peut-être, mais il n’en reste de toute façon plus grand’ chose. Ce n’est plus qu’un cartel électoral, qui perd ses électeurs, comme l’ont montré deux récentes élections législatives, dans les Ardennes et en Isère. Sur le fond, l’alliance n’en finit plus d’agoniser. Elle a été fracturée par les prises de position de LFI sur le Proche-Orient. Le NFP n’a pas d’instances délibératives, pas même d’intergroupe à l’Assemblée.

Son état de santé est indexé sur les humeurs de Jean-Luc Mélenchon. S’ils rentrent dans le rang jeudi en votant le texte de LFI, les socialistes redeviendront donc des supplétifs soumis aux insoumis. On connaît l’adage qui moque la discipline à l’armée : "Réfléchir, c’est déjà désobéir". Avec Jean-Luc Mélenchon, le NFP c’est un peu pareil. Et l’insoumis a fait sienne la devise du maréchal Lyautey : "Quand les talons claquent à mon apparition, j’entends les cerveaux se fermer !"

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