Édito
Nomination de Sébastien Lecornu à Matignon : pour l'Élysée, le socle commun reste la seule majorité viable

Sébastien Lecornu est nommé Premier ministre pour réunir le socle commun et élaborer une plateforme de gouvernement capable d’assurer la stabilité parlementaire. L’Élysée voit cette mission comme une étape clé pour éviter une censure.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron (à droite) et Sébastien Lecornu (à gauche) lors d'une visite à la 55e édition du salon international de l'aéronautique et de l'espace, au Bourget, le 20 juin 2025. (BENOIT TESSIER / POOL)
Emmanuel Macron (à droite) et Sébastien Lecornu (à gauche) lors d'une visite à la 55e édition du salon international de l'aéronautique et de l'espace, au Bourget, le 20 juin 2025. (BENOIT TESSIER / POOL)

Avec la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, mardi 8 septembre, l’Élysée considère que politiquement, il n’y a pas d’autres majorités et qu’il est, de toute façon, nécessaire de se tourner vers le socle commun, c’est-à-dire le bloc central, plus LR. L’entourage du président de la République fait d’ailleurs savoir qu’Emmanuel Macron a appelé Olivier Faure, mardi. Le premier secrétaire du PS avait multiplié les offres de service ces derniers jours pour Matignon. Emmanuel Macron l’a donc appelé une heure avant de nommer Sébastien Lecornu pour l’informer que ce ne serait pas lui qui serait choisi, pas plus qu’un autre socialiste, mais bien quelqu’un issu du bloc central. Édito.

Le nombre de députés socialistes, écologistes et communistes cumulés avoisine les 120. La France insoumise n’aurait pas soutenu un tel gouvernement, donc il n’y avait pas, selon Emmanuel Macron, d’alternative. Sébastien Lecornu reste, aux yeux du chef de l’État, un ministre de confiance qui accompagne l’action du gouvernement depuis 2017 et qui présente plusieurs atouts, selon l’entourage du président : conserver de bonnes relations avec LR, être plutôt respecté à gauche – notamment grâce à ses fonctions de ministre des Armées –, et être considéré comme un homme de négociation ayant le sens de l’État. Mais surtout, ce sur quoi insiste l’Élysée, il est appelé à un changemetn de méthode.

Pas question de bâtir une nouvelle coalition

La mission donnée au nouveau Premier ministre est claire. Le chef de l’État l’a chargé de commencer par réunir les forces du socle commun, à savoir Renaissance, MoDem, Horizons et LR, d’animer ce socle et d’élaborer avec lui une plateforme de gouvernement, ce qui n’avait pas été fait auparavant par Michel Barnier ou François Bayrou, auxquels on reconnaît à l’Élysée le mérite d’avoir installé cette nouvelle alliance entre le bloc central et LR.

Sébastien Lecornu doit donc, d’abord, élaborer une plateforme de gouvernement, puis se tourner vers d’autres forces politiques qui, sans entrer au gouvernement – il ne s’agit pas de bâtir une nouvelle coalition –, seraient prêtes simplement à ne pas le censurer. Les forces politiques ainsi évoquées sont le groupe Liot, avec un certain nombre de députés indépendants plus ou moins centristes, le groupe socialiste et, évidemment, les communistes et les écologistes. Pas question, en revanche, de se tourner d’une façon ou d’une autre vers le Rassemblement national. L’Élysée n’attend plus rien du RN et considère très clairement que Marine Le Pen a basculé du côté du dégagisme, comme Jean-Luc Mélenchon, et qu’elle ne souhaite qu’une dissolution, voire un départ d’Emmanuel Macron.

Juste une crise parlementaire, pour l’Élysée

Si aucun accord de non-censure n’a été discuté au préalable, avant la nomination du nouveau Premier ministre, mardi, l’Élysée considère que la tâche confiée à Sébastien Lecornu n’est pas impossible. Une tâche inédite, certes, au regard de la culture politique française et de l’histoire de la Ve République. La classe politique française n’a pas, c’est vrai, l’habitude de négocier au préalable avant même de former un gouvernement, mais une tâche pas impossible à exécuter. Sébastien Lecornu dispose de tout son temps. Il n’a pas d’injonction de 48 ou 72 heures pour former un gouvernement, mais il faut quand même aller le plus vite possible, et le plus tôt sera le mieux.

Cette situation politique n’est, vue de l’Élysée, pas considérée comme si grave que cela. L’entourage du chef de l’État la voit davantage comme une crise parlementaire, que comme une vraie crise politique. Une crise qui existe aussi dans plusieurs autres démocraties européennes, où la vie politique est assez agitée. En revanche, à terme, cette crise peut devenir grave, selon l’entourage du chef de l’État, si aucune solution n’émerge.

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