Édito
Perquisitions au siège du RN : comme à chaque affaire, le Rassemblement national joue sur l’effet victimisation

Le RN est visé par une enquête pour financement illégal de campagnes électorales, avec une perquisition au siège du parti. Une affaire de plus qui alimente les soupçons et fragilise l’image de respectabilité du parti d'extrême droite.

Article rédigé par Agathe Lambret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jordan Bardella, président du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) et député européen, au Parlement européen à Strasbourg, le 9 juillet 2025. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)
Jordan Bardella, président du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) et député européen, au Parlement européen à Strasbourg, le 9 juillet 2025. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Le RN est à nouveau rattrapé par les affaires. Une perquisition a eu lieu, mercredi 9 juillet, au siège du parti, a lui-même annoncé sur X Jordan Bardella. Les juges soupçonnent le Rassemblement national de financement illégal de campagnes électorales et s'intéressent à des prêts de particuliers accordés à des candidats RN lors des dernières élections, notamment à Jordan Bardella, pour financer sa campagne des Européennes. Le président du RN a reçu pour 4,5 millions d’euros de prêts, sur une campagne à 5 millions. Si les prêts sont autorisés, et non plafonnés comme les dons, ils ne doivent pas constituer des "prêts habituels", c’est-à-dire être réalisés régulièrement auprès du même prêteur. L’idée étant d’éviter la dépendance d’un candidat ou d’un parti. C’est précisément ce point que la justice cible. Pour l’instant, l’information judiciaire est en cours, il n’y a pas de mise en examen. 

 
Même si on a l'habitude de dire que tout glisse sur le RN, confronté depuis des années aux affaires, là, elles s'accumulent. Au-delà affaire de cette affaire prêts suspects, le Rassemblement national est confronté au procès des assistants parlementaires, et la condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité. De plus le parquet européen vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête contre le RN et ses alliés pour des irrégularités financières. Enfin, en 2024, le RN a été définitivement condamné dans l’affaire des kits de campagne… N’en jetez plus !

Pas le premier parti perquisitionné


Le RN dénonce un acharnement judiciaire pour l’empêcher d’accéder au pouvoir. Mais, le Rassemblement national n’est pas au-dessus des lois. Contrairement à ce que prétendent ses dirigeants, la justice n’épargne personne. La perquisition n’est pas inédite. Le MoDem, LFI ou Les Républicains y ont eu droit eux aussi. Même le parti du président, Renaissance, a été perquisitionné en 2022. Ce que le RN appelle "le système" ne cible pas particulièrement Marine Le Pen. En 2020, c’est un ancien Premier ministre, Édouard Philippe, dont le domicile a été perquisitionné, dans le cadre de l’enquête sur la gestion du Covid.

Comme à chaque affaire, le parti d’extrême droite joue de l’effet victimisation-remobilisation pour galvaniser sa base, mais cela n’a pas vraiment d’impact sur son socle électoral, ni même dans l’opinion.
Début avril, le meeting de soutien à Marine Le Pen après sa condamnation n’avait pas déplacé les foules.

Néanmoins,le poison du soupçon s’installe. Cruelle ironie pour un parti dont le slogan était : "Mains propres, tête haute". Le risque pour Marine Le Pen, c’est que le plafond de verre se rétrécisse, que le grand élargissement espéré n’ait pas lieu. Ces affaires re-marginalisent le RN, qui renoue avec une vieille rengaine. Quand le député Jean-Philippe Tanguy pointe "un système qui sombre dans les basses œuvres, et des institutions dévoyées par des bandes qui veulent garder le pouvoir à tout prix", ce n’est pas le langage d’un parti qui prétend gouverner…Plutôt celui d’une bande aux abois.

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