Édito
Pourquoi aussi sur la question du référendum, le couple Macron-Bayrou dysfonctionne ?

Invité mardi soir de TF1, Emmanuel Macron pourrait annoncer l’organisation d’un référendum. Une idée que lui dispute un certain François Bayrou.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François Bayrou (à droite) et Emmanuel Macron (à gauche), à l'Élysée, le 15 avril 2025. (SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP)
François Bayrou (à droite) et Emmanuel Macron (à gauche), à l'Élysée, le 15 avril 2025. (SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP)

Un signe de plus que, depuis la dissolution ratée, on vit décidément une période politique inédite. Il y a dix jours, le Premier ministre appelait de ses vœux un référendum sur un "plan d’ensemble" de redressement des finances publiques. Et hop, l’Élysée a donc aussitôt exhumé son propre référendum, plutôt une consultation qui pourrait comporter plusieurs questions touchant au quotidien des Français. Au passage, il faut rendre à César ce qui est au président : Emmanuel Macron a le premier évoqué la possibilité de demander aux Français de "trancher certains sujets déterminants", c’était lors de ses vœux du 31 décembre. Il est d’ailleurs le seul à pouvoir le convoquer.

Les deux têtes de l’exécutif ne poursuivent pas les mêmes objectifs. Emmanuel Macron cherche à reprendre la main et François Bayrou à ne pas perdre complètement pied. Revenu sur le devant de la scène diplomatique, le chef de l’État espère renouer avec les Français en jouant la proximité avec des sujets touchant directement à leur vie quotidienne, par exemple l’interdiction des écrans aux moins de 15 ans. Bref, des questions concrètes, assez consensuelles et surtout non partisanes. Une façon de banaliser ce type de consultations dont on ne voit pas bien la portée institutionnelle puisqu’il ne s’agirait pas de ratifier un projet de loi. François Bayrou, c’est l’inverse, il rêve d’un quitte ou double pour contourner le Parlement, échapper au risque de la censure et prolonger son bail à Matignon.

Le référendum, un aveu d'impuissance ?

Mais un référendum est toujours très périlleux. La version Bayrou est quasi suicidaire. Pas simple de gagner un scrutin quand on bat des records d’impopularité et qu’on a pour seul mot d’ordre "du sang et des larmes", en l’occurrence "des efforts de tous" pour combler les déficits. Le modèle sur lequel phosphore l’Élysée est moins périlleux, plus simple à organiser, mais moins bénéfique politiquement. On sait depuis Corneille qu’"à vaincre sans péril on triomphe sans gloire".

Consulter les Français, c’est une intention louable sur le plan démocratique. Mais c’est aussi un aveu d’impuissance quand l’exécutif ne peut plus agir, faute de majorité. Et puis c’est toujours une prise de risque considérable. La preuve, dans deux semaines, le 29 mai, cela fera 20 ans qu’il n’y a plus eu de référendum. Depuis la victoire du "non" au projet de Constitution européenne. Un lourd échec de Jacques Chirac, le seul président à avoir perdu une dissolution et un référendum. Le seul, pour l’instant.

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