Édito
Reconnaissance de la Palestine : le bras de fer entre Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou s’intensifie

La relation entre Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou se tend après les accusations du Premier ministre israélien, opposé à la volonté française de reconnaître un État palestinien. Le président de la République maintient ce projet, symbole d’un bras de fer diplomatique et d’une quête d’héritage politique.

Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou (à droite) tiennent une conférence de presse conjointe à Jérusalem le 24 octobre 2023. (CHRISTOPHE ENA / POOL)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou (à droite) tiennent une conférence de presse conjointe à Jérusalem le 24 octobre 2023. (CHRISTOPHE ENA / POOL)

La relation Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou s’est à nouveau dégradée depuis que le Premier ministre israélien a accusé le président français "d’alimenter le feu de l’antisémitisme" en appelant à la reconnaissance d’un État palestinien, dans un courrier rendu public mardi 19 août. C’est un énième épisode de tensions entre les deux hommes ! Comme avec tant d’autres chefs d’État et de gouvernements, tout commence avec des poignées de main, des bises, des tapes dans le dos. Désormais, c’est une véritable guerre froide qui se joue.

Dans un courrier cinglant aux allures de réquisitoire , Benyamin Nétanyahou reproche à Emmanuel Macron de nourrir la haine contre les Juifs avec son intention de reconnaître un État palestinien. "Abjecte", répond l’Élysée. La forme est aussi violente que le fond puisque le courrier a d’abord été envoyé à l’Agence France-Presse, puis à l’Élysée. Emmanuel Macron s’apprête à prendre la plume à son tour. C’est un bras de fer, le président y est rompu.

Une visite décisive

Cette volonté du président français de reconnaître un État palestinien ne date pas d’hier. Emmanuel Macron est souvent moqué pour son manque de convictions. Ici, c’est l’histoire d’un déclic : le 9 avril, lors d’une visite d’un hôpital à la frontière entre l’Égypte et Gaza, au chevet d’enfants et de femmes, Emmanuel Macron confie croiser "des regards qui portent l’au-delà de la douleur". 

Dans l’avion du retour, il assure que la France ira vers la reconnaissance de la Palestine. Les atrocités, le drame humanitaire, l’échec perpétuel des négociations pour un cessez-le-feu le confortent dans son choix. Sans parler de la surenchère de Benyamin Nétanyahou. Les contacts sont désormais rares, épisodiques, mais surtout empreints d’une méfiance réciproque.

le Premier ministre israélien n’a jamais décoléré ! Jamais ! À ses yeux, reconnaître la Palestine serait une récompense offerte au Hamas. Une porte ouverte à l’anéantissement de son pays. À l’origine, Emmanuel Macron espérait obtenir en échange une normalisation des relations de plusieurs pays arabes avec l’État hébreu, mais la conférence internationale prévue le 18 juin a été annulée dans l’urgence, pour cause de guerre entre Israël et l’Iran. C’est désormais en septembre que la France prévoit de faire ce geste diplomatique historique, lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

Inutile de s’appesantir : faire machine arrière serait un terrible échec politique pour Emmanuel Macron et donnerait l’impression qu’il cède à Benyamin Nétanyahou. Le président de la République compte satisfaire une attente dans la société française. Il n’y a qu’à regarder la réaction de la gauche, qui applaudit. Cette décision s’inscrit aussi dans la quête devenue quasi obsessionnelle pour le président de laisser une trace, un héritage. La solution à deux États est historiquement celle de la France. Emmanuel Macron espère l’incarner, lui donner corps. Et l’inscrire dans les livres d’histoire.

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